Altaïr
| Sujet: Fragment #553 - Souvenir des êtres aimés 06.05.10 12:14 | |
| Jeudi 6 mai 2010 à Paris Le froid était parti, puis il est revenu. Et nous voilà collés aux lampes et aux souvenirs des êtres, comme des insectes de nuit, et nous voilà bien malheureux de n'avoir pour brasero que notre mémoire incertaine. Je repense à Gautier, à Goran, à tous les garçons qui sont entrés dans ma vie, entre les belles cariatides, les Laura, Lætitia, les Lola. Aujourd'hui je suis seul et j'oublie, je m'aperçois que seuls certains prénoms se sont imprimés, et que d'autres se sont effacés, perdus, envolés. Est-ce que les moments passés avec ces êtres fugaces n'étaient pas tout aussi réels que ces heures entières, dans les bras des figures plus nettes, plus précises, et qu'une étiquette familière inventorie joliment dans les rayonnages de la mémoire ? Je me souviens à peine de Justin, et les yeux de Soledad se dissolvent dans le brouillard. Et ces derniers jours, quand l'Eyjafjallajökull et ses colères ont rappelé en moi le prénom de Nalvenn et de Sébastien, je me suis acharné pour contenir leurs traits sur des visages, mais toujours les joues et le nez se décomposaient, la bouche fondaient et les yeux étaient mouvants, pas moyen de les garder immobiles, et je me suis maudit de les avoir oublié. Nalvenn, ma meilleure amie au lycée, ma luciole, comment ai-je pu lacérer ton souvenir et le son de ta voix ? Et, entre tous ces remords, et les occupations de mon esprit, le Mémoire de licence, la boutique et les antiquités, et le travail mnémonique pour ensevelir Lola et mes enfants, entre toutes ces spirales intérieures, qui se déploient et s'enroulent comme des serpents de papier colorés, je vois deux yeux qui s'allument, bleus et brillants, et deux joues rougies par le froid, et des lèvres tendres, un nez fin et discret qui s'inscrit sans emphase entre les lignes et l'ovale du visage, et un front que constellent des pigments de rousseurs, et des cheveux bruns, courts et bouclés, dans lesquels ma main rêve encore de passer ses doigts. C'est toi que je vois, Baptiste, caché sous mes paupières, et plongeant dans mon regard immobile, mêlé de glace et d'argile. Et ton image, qui n'est pas encore un souvenir, voudrait se nourrir et prendre forme dans mon âme rétive, de journées et de nuits tangibles, vraies, passées dans les bras l'un de l'autre.
Dernière édition par Altaïr le 06.05.10 12:47, édité 1 fois | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #553 - Souvenir des êtres aimés 06.05.10 12:27 | |
| tout aussi réels que le ces heures entières
Je ne sais pas comment corriger. Effacer le "le" ou rajouter un "sont" entre "le" et "ces"... Je te laisse faire.
Je me demandais pourquoi le forum s'était endormi ; mais j'ai ma réponse : il est pris dans les glaces de l'Eyjafjallajökull.
La réflexion que mène Julian est si...naturelle. On l'a tous fait un jour. :) | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #553 - Souvenir des êtres aimés 06.05.10 12:48 | |
| La phrase m'a posé problème lors de l'écriture du fragment, je suis resté dessus un moment.
Quant au forum, je crois tout simplement que quand papa Alti n'écrit plus et ne commente plus, personne n'écrit ni ne commente. Dommage. | |
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| Sujet: Re: Fragment #553 - Souvenir des êtres aimés | |
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