Sargas
| Sujet: Fragment #12 - Je, Tu, Elles 11.04.08 21:21 | |
| Mardi 8 mai 2007 à Lille Il n’y a quasiment personne dans les rues. Quelques magasins sont ouverts mais le pont du 8 mai et le temps catastrophique ont fait fuir les gens. Seuls quelques passants s’approchent des vitrines, principalement pour se mettre à l’abri un instant des grosses gouttes de pluie glaciales. Le temps de faire le chemin de chez moi à la rue piétonne me voilà trempé jusqu’aux os. La pluie dégouline sur mon visage, mes cheveux sont plaqués sur mon front, mes yeux à peine ouverts pour me guider dans ces rues, croisent les pieds des gens ou leur reflet dans les petites flaques d’eau qui se forment entre les pavés. Mon portable vibre dans ma poche. Je l'en sors et lis le message à travers les gouttelettes. 1 message reçu. Aujourd’hui à 15h19. Je t’attends. Viens s’il te plait. Agnès. J’accélère un peu le pas. Effectivement j’étais censé rejoindre Agnès sur la Grand Place à 15h mais je lui ai déjà envoyé un message lui demandant de me rejoindre au passage 57 qui est au moins couvert et plus proche de chez elle. J’arrive pratiquement au bout de la rue de Béthune et je l’aperçois m’attendant sous l’entrée de la petite galerie marchande. « J’ai cru que tu n’allais pas venir. » Elle est un peu froide. « Je suis là. Comment vas-tu ? - Comment je vais ? Comment je vais ? Mais Damien réveille toi. Je ne vais pas bien. Tu disparais en courant de chez moi, tu ne donnes pas de nouvelles pendant presque un mois, et quand je t’ai enfin au téléphone tu m’envoies chier. Alors désolée si je te fais culpabiliser mais je ne vais pas bien. » Sa réponse me frappe en plein visage. Je suis sonné et mon regard fuyant prouve à quel point je suis désarmé. « Mais… l’autre nuit… - Quoi l’autre nuit ? - Nous avons… tu sais quoi ? » Ses yeux essaient de pénétrer mon regard mais je les fuis. « Il ne s’est rien passé. - Quoi ??? Mais… - Tu as bien compris. Il ne s’est rien passé. Le samedi soir où tu as dormi chez moi, il n’y a rien eu. Je t’ai croisé au Tir-Na-Nog et tu étais complètement saoul. Tu n’arrêtais pas de parler de Suzanne et d’elle aussi. Enfin, je veux dire Sofia. On est reparti à la fermeture et je n’ai pas su te laisser partir. Tu étais trop ivre et trop inconscient de tes faits et gestes. Je t’ai dis de monter. Ce que tu as fait. Mais ensuite tu as pleuré et tu t’es endormi. C’est tout. Le lendemain tu es parti sans même que je puisse te donner une explication. - Mais tu pleurais… j’ai cru qu’on… enfin que… - Je pleurais parce que je suis amoureuse de toi, Damien, mais que tu ne me vois pas. Tu étais là chez moi mais tu ne parlais que d’elles. Merde. Elles sont toutes les deux parties mais tu ne jures que par elles. Réveille toi Damien. Elles ne sont plus là. Suzanne est partie et Sofia tu ne sais même pas où elle est. » Je me suis éloigné d’elle à l’écoute de ses mots. La pluie froide gifle mon visage mais surtout cache mes larmes. Des passants ayant certainement entendu Agnès crier ces derniers mots se retournent arrivés à notre hauteur. Je les sens me juger. Elle refait un pas vers moi et me dit plus bas. « Je suis là moi si tu veux. Je serais là pour toi. » Après tout je serais moins seul, je ne dormirais plus dans un lit vide. Mes yeux fixent encore mes pieds. « Damien… » Mes pieds se placent les uns devant l’autre. Leur rythme s’accélère. Quand je relève enfin la tête je me rends compte que je vais dans la direction opposée à celle d’Agnès. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #12 - Je, Tu, Elles 02.02.09 4:01 | |
| Ca existe encore les filles comme Agnès ? | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #12 - Je, Tu, Elles 02.02.09 4:08 | |
| Aussi surprenant que ça puisse paraître, Tureïs, je crois, oui. | |
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| Sujet: Re: Fragment #12 - Je, Tu, Elles | |
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