Fragment #6 - Reprise

Reprise

Pas envie de reprendre…

C’était juste bien, ces vacances. Juste tranquille, sans rien à faire d’autre que ce que je souhaitais (et les services que me demandait mon père, mais vu son temps de présence à la maison, ils étaient plutôt rares). J’en aurai profité.
Et maintenant je vais reprendre, devoir être de nouveau avec des gens, écouter les cours, rembarrer les crétins qui voudront faire connaissance avec moi, et subir les gloussements des minettes, quoi qu’encore elles devraient être plus rares cette année. Il ne manquerait plus que je me plante en cours, et je n’aurai plus qu’à suivre les conseils de l’autre idiot, à savoir me suicider.
Je me suis acheté de nouvelles fringues, hier, en prévision de la rentrée justement. C’est drôle comme, d’un côté, je me fous de ce qu’ils peuvent penser de moi, et comme en même temps j’ai envie d’être classe. Je ne sais pas vraiment à quoi c’est dû, et pour tout dire, je m’en fous pas mal, je suis juste mon envie. Alors j’ai pris une chemise noire et épaisse, et un pantalon beige en toile épaisse également. Les deux vont bien ensembles.
A la caisse, je me suis fait doubler par une vieille. J’attendais, dans la queue ; il y avait quatre ou cinq personnes devant moi, pour m’occuper je regardais les bibelots qu’on trouve toujours aux caisses. Et puis elle s’est mise devant moi, me collant sa touffe blanche sous le nez. Je ne sais pas si le regard que je lui ai jeté était assez froid pour qu’elle soit tombée malade, mais ça ne devait pas être loin en tout cas. A l’autre caisse, y a un autre vieux qui a vu ça, et qui m’a fait un sourire débile. Je lui ai rendu, et il a dû comprendre que je me foutais de lui puisqu’il s’est détourné.
Et aujourd’hui, rien. Rien qu’internet, msn, repos, pour essayer d’être en forme demain. J’ai déjà parlé à d’anciens élèves du lycée où je vais, à priori il faut se mettre sérieusement au boulot dès le début, en prépa, sans quoi on accumule très vite le retard, et il est alors dur de s’en sortir. Je vais sans doute passer un petit peu moins de temps connecté, dorénavant, pour mieux me consacrer aux études, qui décideront après tout de mon avenir.
J’espère surtout que je serai pris en internat. Je n’ai toujours pas eu la réponse du monsieur auquel j’avais téléphoné pour qu’il me réponde à ce sujet, mais j’ai bon espoir. Au pire, si je suis malgré tout refusé, j’insisterai auprès de mon père pour qu’il me loue une chambre ou qu’il me permette d’aller en colocation en ville, je n’ai plus envie d’habiter cette maison vide pour l’instant.
Le futur me dira tout ça. J’aurais presque hâte.