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 Fragment #7 - Cours de Merde

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Alsciaukat

Alsciaukat



Fragment #7 - Cours de Merde Empty
MessageSujet: Fragment #7 - Cours de Merde   Fragment #7 - Cours de Merde Empty11.04.08 21:51

Jeudi 7 septembre 2006
à Tours

Je copie, presque sans y penser, les mots qui résonnent contre les murs de la salle. Mes yeux fixent sans vraiment les voir les lignes de ma feuille, juste afin d’éviter que mon écriture ne s’y étale trop en désordre. C’est plutôt de la merde, en fait, ce cours, pour l’instant du moins. Ce n’est certes que le troisième véritable jour, la cinquième heure de physique seulement, mais je n’ai encore rien appris. J’ai hâte, je crois, de passer à des choses plus compliquées ; ça m’évitera de m’ennuyer en cours, et ça évitera à mes voisins de vouloir me parler.
Ma main s’arrête d’écrire, tout simplement parce que la voix s’est tue. Autour de moi, les autres continuent quelques secondes, le temps de finir la phrase, puis c’est un bref concert de fermetures de stylos. Quelques rires retentissent dans mon dos, sans doute en écho à une plaisanterie d’un autre élève.
Le professeur, qui a visiblement pour tic la manie de se tordre les mains, met en place un laser sur son bureau, afin d’illustrer la courbure d’un rayon lumineux dans un milieu hétérogène et la diffraction de ce même rayon après un trou ou une fente de petite dimension. Je souris, d’abord sans m’en rendre compte. Lorsque j’en prends conscience, je tente d’effacer l’expression de mon visage, afin que mon voisin n’aille pas s’enhardir à vouloir encore discuter, mais en vain. C’est presque avec surprise que je constate que, bien qu’ayant pu penser que ce cours était merdique, j’aime écouter ce que raconte monsieur Racine lorsque je ne l’ai pas fait antérieurement.
De fait, la deuxième heure passe plus vite, et j’en arrive à prendre des notes avec un certain soin, qui ne va toutefois pas jusqu’à me faire écrire lisiblement. La sonnerie retentit finalement, et je commence à ranger mes affaires une fois que l’enseignant s’est tu. A côté de moi se trouve Etienne, un autre Tourangeau, qui ne me quitte presque pas parce que je suis le seul autre dans la classe à venir du même lycée que lui. Il se lassera sans doute rapidement de ce qu’il prendra pour du renfermement. Ce n’est que quand je serai seul que je pourrai entamer l’année avec sérénité, et je crois que déjà les autres de la classe ont appris à ne pas trop me parler. L’un d’eux, qui demande leur prénom à au moins deux ou trois de ses camarades par cours, n’est pas venu vers moi, et j’espère qu’il ne le fera pas. D’habitude, mon prénom se retient rapidement, car il est spécial ; mais dans cette classe prépa, quasiment tous les élèves sont étrangement nommés. Une dizaine, peut-être, sont d’origine marocaine, et présentent régulièrement des difficultés de prononciation aux professeurs.
Il est midi vingt, mais j’ai encore cours d’allemand avant de pouvoir aller manger. Je m’y dirige lentement, enfin seul, puisque nous ne sommes que trois dans ma classe à suivre cette option en seconde langue et que les deux autres doivent me précéder. Je dois passer par l’extérieur afin d’atteindre le bâtiment où a lieu cette heure, et de nouveau un faible sourire se dessine sur mon visage quand je vois l’étendue de béton au-dessus de laquelle le soleil trace des arabesques de chaleur, et que je la compare aux étendues vertes de mon ancien lycée. C’était hypocrite, je crois. Les arbres étaient là pour cacher le travail à ceux qui ne l’aimaient pas. Ici au moins, on était de suite confronté à la réalité. Je ne poursuis pas ces observations plus avant, car l’ombre du bâtiment E m’avale tandis que j’en pousse la porte.
J’entre dans la salle de cours aussitôt arrivé devant, celle-ci étant ouverte, pour constater que toutes les tables du premier rang son occupées par au moins une personne. J’avise un garçon à l’air taciturne qui ne m’ennuiera sans doute pas et m’installe à côté de lui, après avoir demandé par la plus hypocrite des politesses si c’était libre.
J’aime l’allemand, bien que ce soit une des matières où j’ai le moins de facilités, n’ayant pas encore effectué de véritable voyage dans ce pays. C’est avec plaisir que je suis le cours, bien que ne participant pas malgré les exhortations du professeur. Lorsque je sors, mon voisin, qui se prénomme Michael, me suit, et finit, à mon grand déplaisir, par manger avec moi. Fort heureusement, nous ne parlons guère, à peine tente-t-il de savoir d’où je viens, ce à quoi je réponds que j’habite par ici sans lui retourner la question.
Direction les mathématiques.
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Fragment #7 - Cours de Merde
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