Sargas
| Sujet: Fragment #29 - La marque 11.04.08 21:53 | |
| Dimanche 15 juillet 2007 à Lille Je dors beaucoup ces derniers jours. Bizarrement, les médecins prescrivent des drogues pour se calmer et dormir aux patients qui ont, par ces mêmes médicaments, essayé d’attenter à leurs jours. J’ai l’impression de vivre dans un monde parallèle. D’être dans mon appartement mais que celui-ci se trouve dans une autre dimension. Un voile gris recouvre tout l’espace et l’air semble suffocant, chargé de particules et de poussières. Je ne sais pas si c’est l’effet des médicaments ou si c’est réel. Et je ne me lève pas pour savoir. Je reste allongé dans mon lit. Je ne bouge pas jusqu’à ce que j’entende un bruit sourd venant de l’extérieur de la chambre. Comme si quelque chose de lourd était tombé. Je bondis au milieu de mon lit et reste un long moment appuyé sur mes mains, attendant qu’aucun autre bruit ne se fasse entendre. Le bruit venait de mon appartement. C’est sûr et certain. Mais je ne vois pas ce qui aurait pu causer ce bruit. Je n’ose pas bouger. Ce bruit a ravivé comme une peur enfantine en moi. J’ai peur de sortir de mon lit, craignant trouver une quelconque forme de vie belliqueuse. Il s’est bien passé cinq minutes. Je commence à enlever la couette et la repousser au pied du lit. Bien que je sois réveillé, le voile gris épaissit encore l’atmosphère. L’air chargé de matière est presque palpable. A chaque inspiration, une pellicule granuleuse s’infiltre dans ma bouche jusque dans mon œsophage et ma respiration se fait sifflante au fur et à mesure que j’avance. Je regarde partout dans le salon et la cuisine, rien n’est tombé au sol ou contre un mur. Mon attention se focalise alors un peu plus sur la consistance de l’air. Lourd et étouffant. Il y a peu de lampes dans l’appartement et les rideaux fermés ne laissent passer aucune lumière. Soudainement, je me sens comme enfermé, prisonnier de mon bunker. Un autre bruit. Comme un grattement. Je ne le perçois pas et le son est faible. Comme assourdi. Cela vient de l’intérieur de l’appartement, j’en suis sûr. On dirait que l’on frotte quelque chose sur le mur. Toujours rien dans les pièces principales. Le son est entre ces quatre murs. Assourdi mais là. La penderie dans l’entrée. Je m’en approche. Tout doucement. Je pense d’un coup que j’aurais bien pris un couteau ou un objet menaçant dans le cas où je devrais me défendre. Je suis devant la porte coulissante de la penderie maintenant. Je la fais glisser tout doucement. Le bruit cesse aussitôt. Je finis en l’ouvrant violemment et en remuant tout ce qu’il y a dedans. Si il y a quelque chose ici je ne le laisserai pas m’échapper. Mais rien. Rien de rien. Mes bras tombent le long de mon corps. Mon esprit me joue des tours. Pff… J’ai dû halluciner. Je referme la porte quand je l’aperçois enfin. Une marque sur le mur. J’ouvre à nouveau la porte et me penche dans la penderie. C’est là, sur le mur, derrière les manteaux et les vestes. Une lettre. Une lettre de l’alphabet grecque. L’omega. Je passe mes doigts dessus. C’est gravé dans le mur. Mais qu’est-ce qui a pu faire ça ? Je n’ai rien trouvé. Je fixe la lettre. On dirait qu’elle suinte. Quelque chose coule de cette gravure. Un liquide. Rouge. Du sang. La panique me saisit. L’air de l’appartement s’est encore épaissit. Je n’arrive plus à respirer. Je suffoque, Et le sang coule de plus en plus vite de la marque. Je n’arrive plus à respirer. Une flaque de sang se forme au pied du mur. Une mare rouge mêlée de noir. Et quelque chose l’anime. Je n’arrive pas à croire ce que je vois. Le monstre d’acide et de sang se forme devant moi. Il ouvre sa mâchoire et se précipite sur ma gorge. Lorsque j’ouvre les yeux, la télévision émet son sifflement habituel. Je suis assis dans le canapé, et il fait nuit dehors. L’air est respirable. Et il semblerait que je sois encore en vie. J’ai dû cauchemarder. Je regarde l’horloge. Trois heures vingt-sept du matin. Je vais me coucher. Je me dirige vers ma chambre après m’être brossé les dents. Mais arrivé sur au bord de la pièce, je ne peux m’empêcher d’aller vers la penderie et d’ouvrir la porte. Je recule les manteaux et examine le mur. Il n’y a rien. Rien d’autre que le mur blanc en crépi. Je m’allonge dans mon lit et ferme les yeux. Tout ça n’était qu’un cauchemar. Mais l’image de mon monstre d’acide et de sang rampant sur le sol se forme aussitôt. La nuit va être longue. | |
|
Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #29 - La marque 02.02.09 4:47 | |
| | |
|