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 Fragment #15 - Je te hais

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AuteurMessage
Alsciaukat

Alsciaukat



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MessageSujet: Fragment #15 - Je te hais   Fragment #15 - Je te hais Empty11.04.08 22:18

Mercredi 20 septembre 2006
à Tours

Son regard me brûle la nuque.
Les mots du prof me passent au-dessus de la tête, je n’écoute plus rien, je ne pense qu’à cette paire d’yeux qui me fouille les cheveux, appuie comme un tison sur l’arrière de mon crâne et rend toute concentration impossible.
Je la hais. Elle est mille fois pire que moi. Pour ma part, je n’aime pas les autres, et je leur montre. Elle, pour bien l’illustrer, se montre mielleuse, saisit la moindre occasion de venir me provoquer. Hier encore elle a voulu me parler. Je vois dans ses yeux qu’elle sait à quel point cela m’ulcère, je le lis dans son petit sourire en coin, la plissure moqueuse de son front. L’étincelle muette qui danse derrière ses pupilles, qui se marre bien de voir à quel point cela m’insupporte de lui parler. Je la hais.
Et Alexandre, toujours derrière ou à côté d’elle, fidèle caniche, cautionnant le moindre de ses gestes, probablement hilare lui aussi derrière sa façade tranquille. Toi aussi je te hais. Je vous hais bien plus que les autres, parce que vous venez vers moi, même si ce n’est pas avec de bonnes intentions.
Je tourne la tête et croise son regard rieur qui m’observe encore. J’ai parfois l’impression qu’elle ne me quitte jamais des yeux, impression démentie par ses pages couvertes d’écriture soignée. Une écriture insupportable, véritable perte de temps. Je pense avec un sourire à mes propres hiéroglyphes étalés en désordre sur ma copie, que je n’aurais de toute façon besoin de relire qu’une fois ou deux avant de les connaître par cœur.
J’ai déjà mené, par pure curiosité, des études graphologiques sur mon écriture. Je suis cultivé, intelligent, rapide dans ma pensée, sûr de moi, réaliste. Je serais presque intéressé d’avoir une lettre de Marie pour constater ce qu’il en est d’elle. Le pire est sans doute que ce serait positif et flatteur, d’après ce que j’ai pu observer jusque là durant les cours. Elle est vicieuse, et les gens qui le sont comme elle ne peuvent être bêtes.
« Monsieur Léroal, c’est au tableau que ça se passe, bien que je ne doute pas une seconde que vos camarades féminines soient bien plus intéressantes que mon cours. »
Je me retourne sans rien dire. Personne n’a ri dans la classe, parce que la remarque s’adressait à moi, et que mon expression de pierre tombale ne s’y prête pas. Le temps passe.
La sonnerie retentit. J’observe du coin de l’œil Marie qui se dépêche de ranger ses affaires, et comprends son intention. Je fourre mes possessions pêle-mêle dans mon sac, le met sur mon dos et sors. Le pas rapide, je descends les escaliers, sors du lycée, puis m’engouffre dans la rue en me dirigeant vers la place Jean Jaurès, où va m’attendre mon bus.
« Léopold ! »
Bon sang, je croyais avoir été assez rapide. Je ne me retourne pas. Elle m’attrape par le bras, je la regarde, et alors qu’elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, je l’interromps en détachant chacun de mes mots.
« Fous-moi la paix. Je te déteste. »
Elle a l’air frappée, et un sourire méchant naît sur mon visage. Elle recule, cette insupportable expression joviale enfin évanouie de ses traits. Alexandre arrive à ce moment, trottinant à demi. Il s’arrête, voyant que l’ambiance n’est pas à proprement parler détendue. Je l’ignore. Je m’approche de Marie, et, trop interloquée encore pour parler, elle s’adosse au mur, comme pour s’écarter de moi. J’ai l’avantage, il faut que j’en profite, pour être sûr de le garder à jamais. J’approche mon visage du sien.
« Je. Te. Déteste. »
Je me détourne pour aller jusqu’à Jean Jaurès.
Derrière, j’entends la voix outrée d’Alexandre, qui tente de me héler, rapidement étouffée par des suppliques de Marie que je n’arrive pas bien à saisir. Je ne peux plus effacer le sourire qui s’est figé sur mon visage et qui dévoile mes dents bien alignées.
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http://www.myspace.com/adrana
 
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