Altaïr
| Sujet: Fragment #219 - Emerger du Mirage 12.04.08 0:01 | |
| Jeudi 10 mai 2007 à Dijon La ligne de poudre blanche. J’aime la voir disparaître dans les narines de Sylvia, comme par Maura borde mes draps, berge blanche de tissu sur mon torse. Elle est franchement magie. Martin et Piotr, synchrones, se défoncent à l’ecstasy. Et je tire sur le joint que me fait passer jolie, Maura. Elle me regarde. Elle me sourit. Pas avec la bouche, mais avec les yeux. J’aime Sethi. Sylvia glisse une main sur son nez pour l’essuyer, et me jette un regard furtif derrière ce sourire. Et je connais ce regard. J’aime également les cascades de sang roux-rouge qui coulent sur son crâne. Cette fille me fout la trouille. Martin se laisse tomber en arrière et me mordille le pied, lorsque le jeune docteur Esperanzo vient vérifier que je vais bien, tandis que Maya, de retour de la cuisine, embrasse son frère langoureusement. Musique jazz en fond sonore. sous la tutelle de mon père, qui inspecte ses gestes avec son visage figé, Air lourd embué d’encens, dont la fumée s’étire et se propage dans l’appartement. Je regarde le corps immobile derrière lui, les bras pendant le long du corps. de Martin à demi-nu qui se contorsionne pour mieux remonter jusqu’à mon entrejambe, J’aime voir le docteur Esperanzo me regarder dans les yeux avec sérieux quand il sent l’agacement du supérieur dans son dos, puis Piotr qui caresse la poitrine magnifique de Sylvia. j’aime sentir ses mains sur mon dos. Puis je sens les baisers de Maya et Sethi me dévorer la peau, enflammer mon corps, en accord avec la bouche joueuse de Martin. Et je sens le plaisir qui monte et…
Nacre blanche. Ecume porteuse de vie. Allongé je repense à Lola, et au martèlement du tambour, le cœur du bébé qui pulse dans son Ventre. Coupable, je me retourne sur le côté.
Lorsque je me réveille, je sens la lourdeur du réel se presser sur mon corps, et je sens, nauséeux, que je suis là, que je suis bien là. Ce ne sont plus les étranges mirages de ces derniers jours, illusions nées de ces drogues dont on m’a nourri, c’est l’Illusion, la plus improbable et la plus tactile, celle qui enivre les sens et réveille le vertige en moi. Chaque battement de paupière est un effort immense, chaque bouffée d’air dans mes bronches, et le flux du sang dans mes artères, je peux le sentir aussi. Il y a un garçon endormi à côté de mon lit, la tête reposant dans sa main accoudée au matelas, dans la même position symétrique que celle de Lola au lendemain du jour de l’An. Mais ce n’est pas Lilian. Il a le même corps frêle et maigre, mais il est plus petit, et ses cheveux ne sont pas longs ni châtains, ils sont blonds et coupés courts. Je remue légèrement et le garçon se réveille, il sort de son sommeil brusquement et me regarde, se souvient de ce qu’il fait ici, me sourit timidement. « Tu dois pas savoir qui je suis, commence-t-il d’une voix aiguë, on s’est rencontré dans des circonstances un peu bizarres mais… » Il prend une inspiration, le temps pour moi de détailler ses yeux bleus azur, son petit nez pointu, ses petites lèvres, ce pli sur son front, cette mine de chiot chagriné. « L’autre soir, avant le jour des élections. Il était tard, je rentrais chez moi… | |
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