Procyon
| Sujet: Fragment #10 - Femme dénudée 12.04.08 1:04 | |
| Dimanche 8 octobre 2006 à Plombières-lès-Dijon Il est midi passé, passé de quelques minutes. Quelques minutes suffisent pour passer un cap, et ne pas pouvoir revenir en arrière. Je quitte mon manteau parfum tabac, l’accroche dans l’entrée. Ma mère m’interroge sur ma soirée, et sur la nature de l’excuse que j’ai pour ne pas être rentré cette nuit. C’est vrai quoi, je suis mineur, ils se font du souci, et puis ils avaient l’habitude des soirs à six autour de la table, à deux ils ont du s’ennuyer. J’aurais du prévenir. Mais est-ce que je savais moi que j’allais découcher, ou plutôt ne pas me coucher ? Non, bien sûr que non. Mes yeux traînent par terre, -j’ai honte- je n’ai qu’une seule envie, aller me coucher. Mon esprit vagabonde, il m’a tant importuné hier au soir qu’il peut bien faire ce qui lui chante. Hein, tu m’entends Eph…, fait bien ce que tu veux je m’en moque. C’est la faute de cette chemise, de ma sœur, des filles. Je ne suis qu’un objet. Je la revois encore me proposant verre sur verre, ses yeux noir, -les ténèbres en personnes-, en échange de cigarettes sur cigarettes. Nombre de mégots écrasés dans ce bar, nombre dans sa chambre. On a rit, bu, rit, rebu, et rit à nouveau. Je l’ai raccompagnée, elle m’a monté dans sa chambre, je l’ai déshabillée, elle m’a couché. Nos corps se sont découverts, connus, reconnus… Et toujours ses yeux noirs, toujours les miens aveugles, et encore mon Eph me scandant qu’elle n’est pas la bonne. Que ça va être génial. Quand je me suis levé, et non réveillé, quoique j’ai du m’assoupir quelques minutes, dont elle a profité pour se laver et s’habiller, elle n’était plus une masse chaude sous et sur laquelle j’avais le souvenir d’avoir passé une nuit fabuleuse. Assise, à son bureau, froide comme son parquet, elle m’a jeté mes habits parfum tabac dans le ventre, prétextant que ses parents rentraient dans quelques minutes. Je me suis dépêché. Quelques minutes. Alors je me suis rhabillé, et je suis passé par la porte qu’elle m’ouvrait. Et maintenant je suis couché, encore couché, mais seul, dans Mon lit, non chez l’adversité, pas chez la perversité : chez moi, dans Mon lit. Je m’endors ; j’essaie. Je fulmine. Je maudit cet Eph qui n’a pas su garder ou ses ailes, ou ses cornes, pour m’avertir, qui s’est enfui en jean et baskets après mon deuxième verre. Je maudis les femmes. Toutes les femmes. Mademoiselle Pernois aura l’élégance de ne pas me mettre à la porte. Ce n’est pas une femme, c’est un leur, j’ai vu cette nuit ce que c’est vraiment qu’une femme. Elle n’en n’est pas une. Eph. Elle est belle, de l’intérieur, ça se voit de dehors. Je vais jeter cette chemise. | |
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