Fragment #37 - Rose, marguerite, et toi impatience...

Je le vois. Il arrive. A cheval sur sa mobylette, il ralentit, accélère, s’arrête, repart… Il est de plus en plus près. Vêtu de jaune et de bleu, il salue la petite vielle avec son petit chien. Par la fenêtre je le regarde arriver. Monsieur le facteur, qu’il a fière allure. Plus que trois maisons. Deux bâtisses. Une demeure. Il redémarre. Se rapproche de la boîte aux lettres… de plus en plus près… il est juste devant… continue d’avancer. Mais que fait-il ? Je vois bien qu’il la dépasse.
Non !!!!! Quel bâtard ce facteur. Oh, il recule. J’en étais sûr, il a quelque chose pour moi. Il tire une enveloppe d’une sacoche aux couleurs accordées à son imper. L’objet précieux est inséré dans la boîte. Je veux le remercier.
C’est drôle comme il va plus vite pour repartir que pour arriver. C’est comme le père Noël, on l’attend plus qu’on ne souhaite son départ.
A peine est-il passé devant chez la voisine que je me rue dans les escaliers. J’y croise ma mère :
« Je vais au courrier !
- Ah dis donc, t’es… »
Déjà en bas, et je n’ai pas entendu la fin. J’enfile des savates pour aller dehors. Ouvre en trombe la porte du garage et me jette sur la boîte aux lettres. C’est bizarre il paraît que ça marche mieux avec les clés. Je le sais : les yeux de la petite vielle avec son petit chien, c’est ce qu’ils disent. Tout ça pour…
Une lettre de France Télécom, adressée à mes parents.
La poisse !
Ce sera pour demain. Quoi !?! Demain il n’y a pas de tournée. Mais c’est horrible, trop horrible. Vite, vite, oh lundi, doux lundi reviens vite.