Procyon
| Sujet: Fragment #58 – Courte nuit 12.04.08 11:49 | |
| Samedi 15 mars 2008 entre Paris et Plombières-lès-Dijon 2h46. Tout le monde est parti. Simon est couché. Il ne reste debout que Laura et moi. Un balai à la main je pousse les miettes tandis que de son éponge elle essuie meubles, tables, et tout ce qu’elle trouve. Ma sœur une maniaque, je n’y crois pas vraiment. Ça cache quelque chose. Alors que la soirée s’est admirablement bien déroulée, des larmes perlent aux coins de ses yeux. Je la sers fort contre moi. Il y a des années que je ne l’ai vu pleurer. Tendre moment de complicité. Son tournage qui lui tenait tant à cœur terminé, c’est un grand soulagement et un vide encore plus grand. Elle a hâte de recommencer. Et puis il y a mon départ. Quand nous reverrons-nous ? Bientôt mens-je. J’aimerais tant que ce soit la vérité. Ma petite étincelle… J’éteins la lumière et nous nous couchons sur le canapé. Il n’y a pas trop de place. Je dormirai mieux dans le train. Courte nuit de veille. Je n’y ai pas fermé l’œil. Courte nuit sur ma peau. J’ai veillé sur mon hirondelle. Celle qui fait le printemps en toute saison. Courte nuit qui saigne. Elle s’est endormie rapidement et dort toujours à point fermé. Déjà le jour perce à travers les volets. Sans bruit je me love une dernière fois dans ses bras. Sans bruit je me lève. Sans bruit je me lave. Je laisse à mon tour un petit mot sur la table. Merci, ton frère qui t’aime. Je pose la clé qu’elle m’avait confié par-dessus, puis laisse la porte se refermer derrière moi. Sortant d’une certaine léthargie je me sens réveillé par la brise matinale circulant dans les rues de Paris. Je prends une dernière fois le métro. Inspire cet air pollué. Monte dans le train avec un léger pincement au cœur. Le tapis de verdure se déroule dans l’autre sens. J’y lis alors le récit de mon voyage. Bien loin des aventures de Jules Verne, mon périple me convient parfaitement. Mes paupières sont lourdes. Il est un peu plus de 11h lorsque que je descends du train –la voix ayant annoncé Gare de Dijon ville- mon gros sac à la main. Ici je connais. Ici c’est chez moi. J’embrasse ma mère dans la cuisine. J’embrasse mon père devant la télé. Je vais me coucher. | |
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