Procyon
| Sujet: Fragment #65 – Lundi Pascal 12.04.08 11:55 | |
| Lundi 24 mars 2008 à Plombières 12h16. Pour fêter Pâques -comme si j'avais envie de fêter Pâques- mes deux paires de grands-parents sont venues déjeuner à la maison. Jambon persillé, gigot, tarte à la fraise et œuf en chocolat. On reste dans le traditionnel. Étant le seul enfant de la famille présent, toutes les attentions sont concentrées sur moi. Je n'ai nulle envie de ce repas faussement familial. En guise de consolation je me dis que tous les chocolats que ces cloches ont apportés seront pour moi. En fait si toutes les attentions sont sur moi, c'est parce que mes parents ne disent rien, et que mes grands-parents ont une mutuelle aversion pour leurs homonymes. Comme je n'ai guère envie de passer mon temps à répondre à toutes ces questions, je prétexte rapidement un mal de crâne insupportable. Ce qui me permet de m'éclipser jusqu'au fromage. Loin d'être électrique, l'ambiance est plutôt monacale. Pas un bruit de plus que le tintement d'un couteau sur l'assiette. Je n'ai qu'une envie : entendre mon bip sonner, et pouvoir quitter la lourdeur de ce repas. Ma mère s'est sentie obligée d'inviter. Mon père s'est senti obligé de mettre une cravate – mais pas d'en trouver une en accord avec sa chemise- et les quatre octogénaires se sont eux sentis obligés de répondre présents à l'invitation de leur fille ou belle-fille. Mais non, je reste leur obligé jusqu'à ce que les petites cuillères aient fini de racler les coupelles à dessert. Non je ne veux pas de café. J'ai déjà assez macéré sur cette chaise pour ne pas prendre de ton jus de chaussette. Je quitte enfin pour de bon cette table. Je réponds à mes mails. Et passe le reste de l'après-midi entre MSN et la visite de blogs. En me promenant sur Internet, je regarde les faits d'actualité. Ça ne va pas bien vite, je n'ai pas l'ADSL. Je suis frappé par l'histoire de ces tibétains et la façon dont le gouvernement chinois prétend gérer la situation. C'est affreux. Je me perds alors à penser que je pourrais faire quelque chose pour aider ces pauvres gens. Mais je ne suis pas Superman, ni Angelina Jolie. Ni pouvoirs extraordinaires, ni argent pour venir en aider à ces populations. Quelle triste vie. J'ai vraiment de la chance d'être français. J'ai tout ce dont j'ai réellement besoin : à manger lorsque j'ai faim, à boire quand j'ai soif, un toit sur la tête en cas de mauvais temps, et même la chance de résister à la doctrine de ces culs bénis. Dieu tu n'es point, Dieux vous êtes mythologiques. Il y a eu Auschwitz et Birkenau, il y a eu Dachau et Treblinka, donc Dieu n'existe pas. Que le Pape garde Pâques pour les cloches du Vatican et mes grands-parents chez eux. Ces derniers s'en vont justement. Bon débarras ? Non, tout de même je les aime bien. | |
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