Mintaka
| Sujet: Fragment #34 - A quand la revanche ? 12.04.08 16:10 | |
| Mercredi 29 novembre 2006 à Dijon Je tire ma chaise sous la table après avoir déposé cinq euros sous le cendrier. « On m’avait jamais sorti un truc aussi con, Julian. Fais moi signe quand tu seras prêt. »
Je marche d’un pas décidé vers la porte de sortie du café. Ce café où je serai probablement incapable de remettre les pieds un jour. J’ai tenu mon rôle jusqu’au bout, mon rôle de fille forte, froide et en colère. A peine la porte passée, des larmes chaudes et salées commencent déjà à brûler mes yeux pour finir sur mon menton. Je le déteste. Rectification, je ME déteste. D’être partie, de l’avoir laissé à la portée de ce Jon, de n’avoir pas vu qu’il avait besoin de moi. Je m’en veux de ne pas avoir réagi, de ne pas lui avoir dit que j’étais capable de pardonner… Mais il avait l’air tellement sûr de lui, tellement certain que me quitter était la seule solution. Notre dialogue n’était en fait qu’un long monologue avec lequel il essayait de se convaincre autant que moi que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre.
Je croise des gens dans la rue, qui me fixent avec des têtes d’ahuris en se demandant bien pourquoi cette pauvre gosse pleure toutes les larmes de son corps. Je me sens seule, et mise à nu devant leurs yeux inquisiteurs. Je voudrais pouvoir me téléporter chez moi, me jeter sous la couette et oublier tout ça. Cette belle histoire se termine déjà. Les filles avaient peut-être raison, je n’aurais pas du y croire. Pas encore. Pas si vite… Et pourtant je sais bien que je ne pourrai pas l’oublier. Mon Dieu, mon Ange noir. J’avais appris en si peu de temps à aimer ses caresses, ses baisers, son corps. Même ses instants de doutes indicibles, ses secrets, ses silences, ses maladresses. Mais il l’a dit, il n’est pas prêt à s’engager. Pas avec moi sans doute. Ce Jon, l’aime t-il ? Et moi ? Je ne peux pas me contenter d’un « Je t’aime… mais ». Et pourtant si. A la minute où il décidera que notre Amour est encore possible, puisqu’il l’est, je le sais, je dirai oui. Je plongerai dans ses bras et j’oublierai tout. Parce que je le dois, parce que je le veux. Un partout mon Julian. A quand la revanche ? | |
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