Mintaka
| Sujet: Fragment #36 - J-14 12.04.08 16:12 | |
| Dimanche 10 décembre 2006 à Dijon J’arpente doucement les rues de ma bonne vieille Dijon. Noël approche à grands pas et je n’ai encore prévu aucun cadeau… Les gens autour de moi sont en pleine effervescence. Ils ont l’air à la fois excités et énervés par cette magie de Noël qui nous entoure. Les vitrines se sont enfin parées de leurs plus beaux atouts, les marchés de Noël fleurissent les uns après les autres, bloquant tout la circulation… D’habitude j’adore cette magie, cette ambiance si particulière qu’amène cette époque de l’année. Mais là, le cœur n’y est pas. Il n’y est plus depuis quelques temps déjà. Depuis que Julian est parti. Mes parents ne cessent de me répéter que j’ai l’air fatigué, que je ne suis pas très drôle ces derniers temps. Mais si seulement ils savaient combien je me sens morte à l’intérieur. Ils ne savent pas combien je tenais à Julian, combien je tiens encore à lui. Je ne leur avais pas beaucoup parlé de lui, ils le prennent sans doute pour un mec de passage, rien de plus. Et finalement qu’aura-t-il été de plus qu’un homme qui est passé dans ma vie, puis qui l’a quittée ? J’ai l’impression que même mon corps veut me punir de l’avoir laissé filer. Je suis crevée, fébrile, et sans cesse nauséeuse. Tout mon corps est en deuil depuis qu’il est parti. Je ne cesse de porter son absence en moi, ce manque qui me bouffe de l’intérieur.
Je me sens terriblement seule parmi tous ces gens, qui, en plus, ont décidé de tous être amoureux à cette époque de l’année. Ils se promènent tous, main dans la main, comme pour parfaire ce magnifique tableau hypocrite et faux de fin d’année. Cette magie leur monte à la tête, mais d’ici quelques semaines, les petites engueulades mesquines et les vieilles routines reprendront leurs droits. Soudain je me sens aigrie et malheureuse de dénigrer tous ces gens qui s’aiment. Soyons honnêtes, c’est la jalousie et rien d’autre qui me pousse à être si méchante, si cassante. Oui ils sont heureux ces gens Lola. Oui, ils ont trouvé la personne qui leur faut, celle qui les aime aujourd’hui, et qui les aimera demain aussi, et même après Noël. Je m’arrête devant une vitrine qui réfléchit mon image… Toi ? Toi tu es seule, seule… Parce que tu n’as su retenir ni Ludo, ni Julian… Ni aucun autre d’ailleurs. Oui Lola, tu finiras seule, dans une grande maison. Les gosses auront peur de venir chercher leur ballon dans ton jardin puisque la légende leur aura appris que tu n’étais qu’une vieille sorcière aigrie… Si jamais tu as de la chance, peut-être qu’une bande de chats voudra bien de toi. Ils deviendront tes seuls amis, et finiront malgré tout par te bouffer… Oula… J’appelle les filles, ça devient urgent. « Allô Zoé ? J’veux pas finir bouffée par mes chaaaaaaaaaaaaaaaaaats … - Quoi ?! Bon allez passe à la maison, je t’attends ! » | |
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