Fragment #38 - Son anniversaire

Les rues sont encore et toujours pleines à craquer, et les gens semblent encore plus stressés que la dernière fois que j’ai arpenté la rue de la Liberté. Mais cette fois, plus d’aigreur, plus de tristesse, plus de peurs. Julian est revenu, il est là, et pour de bon. Je ne dis pas pour toujours, parce que je sais que ça ne veut pas dire grand-chose. Qu’est ce que c’est « toujours » ? Ca dure jusqu’à quand ? Alors que « pour de bon », c’est immédiat, vrai et sensible. Il est là près de moi, il m’aime, il est en bonne santé, et les ombres qui le dévoraient il y a encore quelques semaines, passent de moins en moins souvent sur son visage… J’aime à le savoir là, j’aime à nous voir heureux comme ces couples que je croise dans la rue. Ces couples qui ne me rendent plus tristes, qui ne me rendent plus envieuse. Aujourd’hui je suis comme eux, je suis de nouveau un « Nous ».
Mais si je suis en train de me faire bousculer de droite et de gauche par tous les passants de la rue, survoltés en ce 21 décembre, ce n’est ni pour critiquer ces couples trop heureux, ni pour me hâter de finir mes cadeaux de Noël en retard. Non, si je suis là, c’est que demain, c’est l’anniversaire de mon Julian ! Et je voulais le gâter… mais avec toutes ces histoires, notre séparation, et puis les cours qui (même si je reste au lit avec lui un jour sur deux !) me prennent du temps… je n’ai rien eu le temps de lui préparer. Mais cette nuit, l’illumination ! Je sais ce qui sera parfait pour lui… et je file donc directement à la bijouterie qui fait ce cadeau « parfait » !

J’entre et je cours sur une vendeuse. Après tout, personne n’a de scrupules hein, c’est tellement dur d’en trouver une de libre en ce moment !
« Bonjour Madame. Je viens chercher un cadeau… une gourmette en fait. C’est pour un anniversaire.
- Oui d’accord, alors je peux vous proposer celle-ci… celle-là… et celle-ci.
- Oula ! Tout ce choix… Mais avant tout, je voudrais savoir si vous pourriez me la faire graver dans l’après-midi… ? »
A sa petite tête choquée, je vois bien que ça l’embête ce que je lui demande…
« Mais enfin, en plein après-midi, 4 jours avant Noël !?
- Mais c’est très important, je vous en prie…
- Bon… je crois qu’on peut se débrouiller alors ! Qu’est ce qu’on gravera ? »
Je lui raconte. Le prénom d’un côté, et cette date de l’autre : 26-10-06 …
Une date. Six chiffres. Quelques semaines. Petites et pourtant tellement importantes… j’espère qu’il comprendra.
Je repasse quelques heures plus tard récupérer mon précieux présent. Je regarde la vendeuse qui me tend le petit paquet entouré d’or avec une gratitude infinie dans les yeux. J’ai tellement hâte de voir les yeux de mon Ange d’amour s’ouvrir sur ce présent qui me tient tant à cœur ! Elle comprend, me sourit.
C’est bizarre… mais on dirait que quand on est heureux, tout nous sourit.