Altaïr
| Sujet: Fragment # 254 - Le plus beau de tous les mortels 12.04.08 16:35 | |
| Jeudi 5 juillet 2007 à Dijon Justin et moi avons fui sa geôle et traversé la ville en courant. La bruine n'a pas altéré l'exaltation de nos corps. Arrivés rue Docteur Chaussier, nous nous sommes embrassés, en pleine rue. Il était tard et je me foutais d'être vu ou non, je voulais seulement oublier, oublier ce qui venait de se passer. Désormais, il n'y a plus que nous et la chaleur qui monte dans la chambre, mes doigts qui cherchent à déboutonner son pantalon, tandis que ma langue fouille sa bouche avec avidité. J'ai ramené dans mon nid le plus beau de tous les mortels, moi le dieu Aigle aux multiples pouvoirs, et il est mien, ce jeune échanson, entre mes serres. Entre mes jambes qui l'enserrent. Tu les sens les pulsations de mon sang ? Et cette colonne dressée en ton nom qui cherche à te transpercer, tu la sens aussi ? Nous n'avons jamais été si loin tous les deux, tout juste avons nous laissé nos bouches embraser un peu plus l'excitation à sa source. Mais jamais comme cette nuit. Mes doigts ont glissé un préservatif le long de mon sexe et j'ai craché dans la paume de ma main, comme j'avais vu Jon le faire avant de rentrer en moi, pour me lubrifier. Justin tremble de tout son corps, mais mes bras de dieu le maintiennent contre mon torse. Je cherche à entrer en lui, ses dents se referment sur le traversin. Je voudrais ne pas lui faire mal, qu'il se sente en sécurité - et bon dieu ce que j'aimerais qu'il hurle et jouir de sa souffrance, sentir mon plaisir dans sa douleur et son plaisir dans mon plaisir de sa douleur... Les va et vients commencent, moi en lui, le dieu ambré aux yeux de feu pénétrant le jeune et pâle mortel au regard pastel. Je connais si bien ma chambre, elle nous regarde et je le sais, et j'aime l'idée d'être observé par ses moindres recoins. Demain, ils recracheront au grand jour notre image perverse et sale, deux garçons bavant de plaisir dans un lit, et je me sentirai honteux, alors qu'avec une fille, à la bonne heure, tout serait différent. Je voudrais que mon frère nous entende derrière le mur, le sortir de ses rêves et l'exposer à des bruits outranciers, que les barreaux de mon lit tapent si fort contre la paroi qu'il en devienne fou, car en ces moments là ma jalousie flamboie. Il a touché Jed jusqu'au coeur et moi pas, et j'accélère la cadence et Justin halète de plaisir et de souffrance. Mes doigts se referment sur sa bouche pour étouffer ses cris et je sens qu'il aime ça, alors je vais plus fort encore et plus profond, je veux lui faire mal et il en redemande. Nos corps en sueur s'entrechoquent avec régularité, nous basculons sur le côté, moi en lui et son corps qui se tend en entier, il gémit de plus en plus fort, et si fort qu'il décharge sur le matelas, sans même s'être touché, alors je sens la vague du plaisir me submerger et exploser en moi, et l'éjaculation me libère de mes souffrances et de mes fautes passées. Nos corps d'éphèbes retombent sur le matelas inondé de transpiration et se lovent l'un contre l'autre. Il force le barrage de mes lèvres salées. Je me laisse faire. Puis il murmure quelque chose que je ne comprends pas, car déjà le sommeil s'est accroché à mes sens et les entrave, et les relents du Léthé effacent le souvenir amer de cette soirée mouvementée. | |
|