Mintaka
| Sujet: Fragment #68 - Le Clan des Femmes 12.04.08 17:10 | |
| Dimanche 1 juillet 2007 à Dijon Ce sont des bruits de poêles et de casseroles provenant de la cuisine qui me sortent de mon sommeil. Ce sommeil dans lequel je plonge bien souvent ces derniers temps. C’est bien connu, moins on en fait, plus on dort, plus on a envie de dormir… Et en ce moment, mes pas ne me déplacent que de ma chambre à la cuisine, de la cuisine à ma chambre, et parfois à la salle de bain. Je sais, je suis enceinte, et Kokhavah n’est pas très bien accrochée. Je dois nous ménager… Mais je me sens tellement seule ici. Le téléphone sonne. Je ne sursaute même plus, je sais bien que la communication ne sera pas pour moi. Je repars à mes rêveries, en regardant quelques images de ma dernière échographie. Je me dis que finalement ça en vaut la peine. Son petit nez, ses petites mains déjà formées et ses si minuscules doigts… Elle a l’air tellement mignonne, même en négatif sur un bout de papier ! Maman frappe doucement à la porte de ma chambre. « Oui entre je suis réveillée. » Elle me regarde tendrement et vient s’assoir près de moi, au bord de mon lit. Elle prend les images de sa petite fille entre ses mains et je la sens déjà devenir complètement gaga. « Tu ne trouves pas qu’elle a le menton de Papa non ? - Bah dans la position dans laquelle elle est on dirait un peu le double menton de Papa oui… - Pfff, c’est malin ! » J’éclate de rire. Elle aussi. Ca me fait du bien de me sentir encore un peu maternée, encore un peu protégée sous les ailes de mes parents. Sachant que dans pas si longtemps, JE serai parent… « Bon allez lève toi et habille toi, crasseuse ! - Pfff pour quoi faire de toute façon ? - Bah oui, pourquoi se laver alors qu’on va se salir hein ?! - Allez t’es pas drôle hein ! - Je veux juste laver tes draps un peu, alors bouge, mon petit cachalot d’amour ! » Ma mère a toutes les qualités du monde. Mais elle a quand même un défaut : elle n’a jamais su mentir. Je sais bien que si elle me fait bouger aujourd’hui, alors que je prends racine dans mon lit depuis des jours, c’est qu’il y a une bonne raison. Mais je ne veux pas lui gâcher la joie de me surprendre, alors je m’exécute en ronchonnant. Quelques (dizaines) de minutes plus tard, je suis enfin prête. J’avoue que cette session dans la baignoire ne m’a pas fait de mal ! Quand je m’aventure hors de la salle de bain, je tombe nez à nez avec ma mère, toute crispée, excitée comme une enfant de quatre ans qui cache un cadeau pour sa mère. « Pourquoi tu m’attendais devant la porte Maman ?! - Hein, moi ? Non non, j’étais là par hasard quoi. - Ok … et pourquoi tu restes plantée devant moi alors ?! » Elle pouffe de rire, une vraie gamine au bord de la connerie du siècle ! « Surpriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiise ! » Elles sont toutes là, mes amies, ma famille de cœur. La douce Clara, Zoé, Anne-Ka et Gwen. « Mais qu’est ce que vous faites là les filles ? - Bah on avait envie de te voir tiens ! Et puis quand j’ai appelé tout à l’heure, ta maman m’a dit que tu prenais racine dans ton lit depuis quelques temps, alors j’ai appelé les filles… et nous voilà ! - Bah… Je… je suis contente de vous voir vous savez. - On sait, allez t’inquiète va. Sort pas les violons sinon on va verser une petite larme ! » Elles avaient tout prévu. Toutes les pires cochonneries pour remonter le moral ! Chocolat, gâteaux apéritifs, sodas. Et des rires, des rires à n’en plus finir… Tout ce qu’il me fallait. Je tire Zoé par le bras et lui chuchote : « T’es pas venue avec Christophe ? - Bof tu sais je crois que ça ne va pas fort en ce moment lui et moi… Je ne sais pas ce qu’il a mais je m’en prends plein la tronche. J’ai quitté l’appart quelques jours, Anne-Ka m’héberge. Je rentrerai quand il se sera calmé et qu’il m’aura appelé pour s’excuser… - Ah merde. Mais ça va toi ? - Te prends pas la tête va ! Ca lui passera avant que ça me reprenne hein … Et puis sinon, tant pis pour lui ! Aujourd’hui on est là pour toi ! Allez viens, on va rejoindre les autres… » Je crois que c’est ce qui m’impressionne le plus chez Zoé, cette indépendance inénarrable qu’elle transforme en une immense force. Et c’est communicatif. De les voir, toutes là, pour moi. A babiller autour de mon ventre tout rond sous le regard bienveillant de ma Maman… Ce sont Elles ma force. | |
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