Fragment #93 - Come Back

« Oui bon Lola c’est encore moi… Ca fait deux semaines sans nouvelles maintenant et je commence vraiment VRAIMENT à m’inquiéter. Je sais pas si c’est moi, si le baiser l’autre jour… enfin si j’ai fait quelque chose qui fallait pas. J’en sais rien, mais quoi que ce soit, il faut que tu me dises, parce que ça deviens vraiment dur sans vous… Bon, je t’embrasse. »

Zoé me redonne le téléphone après avoir fini d’écouter le message.

« Mais enfin, t’es conne ou quoi ? Excuse-moi mais là j’te comprends pas. Deux semaines que tu laisses ce pauvre type sans nouvelles, tout ça pour un bisou sur la joue ??
- Mais tu veux pas comprendre, c’est pas pour le bisou, c’est pour tout ce qui pourrait suivre…
- Qu’est ce qui pourrait t’arriver hein ? D’être heureuse ? De trouver un papa génial pour Koko ? D’avoir enfin trouvé un mec bien pour toi, qui t’aime comme tu es ?
- Oui, ou de retomber sur un connard comme j’en ai eu. Je suis plus toute seule maintenant. Je peux pas me permettre de faire entrer un homme dans ma vie et celle de ma fille et de prendre le risque de le voir partir quelques mois plus tard. Elle est petite, elle comprendrait pas…
- Ecoute Lola, je pense que Théo a déjà montré plus d’une fois combien il tenait à vous et…
- Oui, aujourd’hui ! Mais après ?
- Bah et après personne ne sait ! Qui aurait dit que Ludo et toi ça se finirait si mal ? Qui aurait pu imaginer que la petite serait là il y a à peine un an et demi ? Personne… Et regarde-la, la vie ne t’a pas apporté que des mauvais cadeaux on dirait ! »

Je regarde ma fille, endormie toute blottie contre sa tata Zoé. Elle est belle, la plus belle chose qui me soit arrivée en fait. Mais j’ai peur. Peur de me tromper encore une fois, et d’avoir mal. Peur de ce que je ressens pour Théo alors que je m’étais promis de ne plus tomber dans ce panneau là. Mais ces deux semaines sans lui… j’en crève. Et je sais qu’il manque à Kokhavah aussi. Elle le connait depuis sa naissance, il a toujours été dans son paysage visuel et j’ai l’impression qu’elle le cherche parfois.

« Allez Lola, arrête d’être butée et met ta fierté et ta trouille de côté. Appelle-le il en meurt d’envie, et puis toi aussi alors arrête un peu hein !
- Quelque part je sais bien que t’as raison mais…
- Plus de « mais » ! Il te manque, t’es amoureuse ma grande, alors c’est trop tard pour les questions existentielles ! Fonce et arrête de te prendre la tête comme ça. Soit heureuse un peu, j’te jure, ça a du bon aussi !

J’attrape mon téléphone et cherche le numéro de Théo dans le répertoire.
Une sonnerie.
Une autre…
« … Allo ? J’y croyais plus Lola… »