Fragment #37 - Une nuit au cœur du mensonge

Les chiffres rouges ne sont pas encore à maturité, alors pourquoi sonner ?
Et puis je me rappelle. Je me lève, en une minute je suis habillé. Je sors de ma chambre, toque à celle d’à côté.
« Debout ! Faut se lever ! »
Je fais de même à celle d’à côté. Je ne sais pas ce qui m’a pris de les inviter à dormir. J’ai envie de leur cracher dessus, de les jeter dehors, je les hais plus fortement que jamais. Ils sont chez moi, comme s’ils étaient mes amis, ce qu’ils pensent peut-être être. Comme il était dur hier soir de paraître sympathique ! Je vais devoir faire un effort surhumain pour me maîtriser et ne pas les insulter. Je vous déteste, si fort ! Et je dois faire semblant de vous aimer. J’ai mal dormi, je suis fatigué, et j’en ai presque envie de pleurer de rage tellement je voudrais qu’ils soient ailleurs que chez moi.
Mais le plan est trop important. Je dois continuer dans mon ambition, poursuivre le projet. Pas tout ruiner alors que je viens de faire un tel bond en avant. Alexandre passe sa tête par l’embrasure de la chambre qu’il a occupée avec Marie. Il a les cheveux ébouriffés, les yeux bouffis. Il n’est pas laid pour autant, comme quoi Marie n’a pas mauvais goût.
« Je peux me doucher ?
- Bien sûr, utilise les serviettes qui sont disponibles, elles sont propres. »
Il disparaît à nouveau dans la pièce, et j’imagine que Marie va se doucher avec lui dans la petite cabine de cette chambre d’amis. Faites ce que vous voulez, cela ne me concerne pas. J’entends Jérôme et Jeanne qui parlent dans la chambre d’à côté. Je les ai fait dormir dans un lit double, bien qu’ils ne soient pas ensemble, et ça ne les a a priori pas tellement gêné. Ils ont du rester habillés toute la nuit.
« Quand vous êtes prêts, venez dans la cuisine pour le petit déj ! »
J’y descends. Ce matin j’irai au lycée en voiture, probablement serré entre Jérôme et Jeanne…