Fragment # 111 - Mensonge par omission

« Ouiiiiiiiiii ! Bravo Chérie ! »
Nous somme tous réunis autour de ma petite Princesse. Un an. Un an déjà… J’ai peine à y croire.
Nous sommes allés manger chez Papa et Maman pour l’occasion. Il faut dire que depuis que nous sommes en appartement avec Théo, on les voit moins. Maman a beau dire que c’est le cycle de la vie, que les enfants doivent partir un jour… Je peux encore sentir un petit tremblement dans sa voix.
Kokhavah a été gâtée par tout le monde. Elle a eu des jouets à ne plus savoir qu’en faire… Si j’avais su on aurait loué un château, pas un appartement !
Pendant que Papa et Maman jouent les grands-parents gâteau avec la petite merveille, je me blottis tendrement contre Théo.
« Ca me fait tout bizarre de me dire que la petite a déjà un an. Cette année est passée si vite… Et puis on est tous là, autour d’elle. Une vraie petite famille… Enfin…
- Quoi ?
- Non rien. Enfin c’est juste que j’aurais voulu que Julian soit là pour voir ça. C’est sa fille. C’est sa place auprès d’elle. Mais je crois qu’il a décidé de couper les ponts. Je n’ai pas eu de lettre depuis des semaines, il ne répond pas aux miennes. Et quand j’essaye de l’appeler son portable est toujours coupé. Qui sait ce qu’il trafique encore !
- Ca te rend triste ?
- Bah un peu. Il est son père quand même…
- Vient dehors avec moi Lola. Tu me détesteras peut-être après cela, mais je ne peux plus garder ce secret plus longtemps. Ce n’est juste ni pour Koko, ni pour toi. Ni pour lui.
- Quoi ? Mais qu’est ce que tu racontes là ?! »

Théo m’entraine dehors, sur la terrasse ensoleillée de la maison de campagne familiale. Il a l’air grave. Cet air qui ne présage souvent rien de bon.
« Je sais où est Julian Lola.
- Quoi ? Bah depuis quand vous vous parlez tous les deux ?!
- On ne se parle pas… Je… Je le sais du boulot.
- Du boulot ? Son père t’a dit quelque chose ? Mais dit-moi enfin !
- Julian est interné Lola… Depuis des semaines déjà. »

Cette annonce m’arrive comme un coup de massue derrière la nuque. Je suis presque sonnée. Physiquement KO.

« Interné ? Mais… Pourquoi ?
- Je n’en sais pas vraiment plus. Tu sais il n’est pas dans mon service, mais c’est juste qu’un collègue qui connait notre histoire… Votre histoire… m’en a parlé.
- Ah ouai donc tes collègues pensent juste de te mettre au courant, et toi tu n’imagines pas une seule seconde que c’est mon droit de savoir ça ? Mon devoir envers ma fille ?
- Je suis désolé Lola. Mais il faut que tu essayes de me comprendre…
- J’essaye… Je t’assure que j’essaye mais là… !
- J’avais peur. Je me disais qu’il ne pourrait plus nous atteindre comme ça. Mais samedi quand j’ai vu Lilian. Et puis toi si triste aujourd’hui qu’il ne soit pas là… Pardonne-moi. »

Le coup de massue mélange tout dans ma tête. Je ne sais pas si je suis en colère contre Théo. Contre moi de ne rien avoir vu. Ou juste triste. Inquiète. Je réagis.
« Ecoute tu sais quoi ? Toi tu vas rentrer chez mes parents, t’occuper de la petite, et expliquer pourquoi j’ai du partir en urgence à l’hôpital voir quelqu’un qui a sans doute besoin de moi depuis des semaines déjà ok ?!
- Lola attend, ça ne peut pas attendre demain ? C’est l’anniversaire de la puce quand même…
- J’aurais préféré oui. Mais tu ne m'as pas laissé le choix là. »

J’attrape un bus et part en trombes en direction de l’hôpital, l’esprit embrumé par l’inquiétude, la colère, la peine.
Les yeux embués par les larmes.