Bételgeuse
| Sujet: Fragment #22 - La vie reprend son cours 12.04.08 20:08 | |
| Lundi 31 juillet 2006 à Dijon Je vais me retrouver à nouveau chez moi, seule. On est partis très tôt hier, et Francis a tenu à ce que je dorme chez lui. Adorable. Pour être sûr que mon organisme n’allait pas être complètement détraqué et me faire avoir des hallucinations. Il m’a fait promettre de ne plus jamais mélanger les drogues. Il paraît que j’étais effrayante. Que le mec en face de moi aurait pu crever sous mes yeux sans que je ne fasse rien…
Me voilà devant la porte de l’immeuble. Vais-je me souvenir du code ? Pour l’instant, il m’est toujours revenu, mais aujourd’hui ? D’abord, un 5, comme les cinq doigts d’une main. Puis, un 3, comme dans la Trinité. Je sais qu’il y a un 7… En troisième ou quatrième position ? 67 ! Voilà, c’est ça…5, 3, 6, 7. Je pousse la lourde porte blanche, enfin elle a sûrement été blanche au moment de sa fabrication, même si aujourd’hui on ne peut qu’émettre des hypothèses. Un air me trotte dans la tête. Gotan Project. Cela fait pourtant longtemps que je n’ai pas écouté de musique…
No eran buenas esas épocas Malos eran esos aires...
Je chantonne en passant devant les boîtes aux lettres. Regarde par la fente pour voir si j’ai du courrier. Factures, encore et toujours. Jamais personne ne pense à m’écrire. Mais qui pourrait bien m’écrire ? Ne sois pas si pessimiste, Sylvia… Tu en as, des amis. Alors pourquoi ils ne pensent pas à moi ?
Je reviendrai prendre les factures plus tard. J’ai encore envie de profiter de mes vacances, en me repassant doucement le film de ces quelques jours. Boire, avoir la tête qui tourne, rire, s’embrasser, danser… En montant les escaliers, j’oublie d’éviter la quatrième marche, celle qui grince affreusement, et que tout le monde ici a pris l’habitude d’enjamber, naturellement. C’est comme cela qu’on reconnaît les nouveaux arrivés dans l’immeuble. Mon regard est plongé dans ces quelques marches qui font tellement partie de mon univers. Un univers que j’ai l’impression d’avoir perdu, et qu’il va falloir ré-apprivoiser. J’entends à peine que quelqu’un descend en courant. Je relève la tête juste avant la collision. Ce qui fait que celle-ci n’est pas physique. Je connais ces yeux… Ce sourire… - Oh ! Bonjour ! Ca…ça va ? - Euh, oui.. - Vous… tu... euh... vous revenez de vacances ?(regard à ma valise énorme) Laissez-moi vous aider ! - Mais tu… vous… tu n’es pas en retard ? Vous courriez ! Il hausse les épaules. Arrivés devant ma porte, il me jette un de ces regards doux et forts, caresse le bord de son chapeau, et dévale les escaliers. Drôle de type... | |
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