Bételgeuse
| Sujet: Fragment #36 - La Douleur 12.04.08 20:26 | |
| Jeudi 17 août 2006 à Dijon « Tu bois quelque chose ?
- Un truc fort. Whisky, si t’as. »
Posée dans le canapé en cuir beige, so chic, j’essaie d’empêcher ma jambe de trembler nerveusement. Je me sens mal à l’aise, avec mon jean que je porte depuis quinze jours ; il m’a assuré que ça n’avait aucune importance. Je l’observe silencieusement trifouiller dans le bar. Pas très grand, je dirais 1m75 et des poussières, assez baraqué, mais cela reste plutôt élégant. Sa chemise est d’une finesse incroyable ; je suis presque sûre qu’il travaille dans une banque. Il a les cheveux grisonnants, un visage assez grossier, et une seule jolie fossette sur la joue gauche quand il sourit.
Nous trinquons. En une gorgée je fais un sort au délicieux pur malt qu’il m’a servi. Il me regarde bizarrement, mais ne dit rien ; il boit un peu, pose son verre. Ses yeux noirs observent mon corps.
« Déshabille toi ! »
Et merde, je préfère quand c’est moi qui donne des ordres. Je me lève, soutiens son regard. Il ne cille pas. Ses yeux réitèrent l’injonction. Je ne prend même pas la peine de faire ça doucement. Il veut du brut. Je retire violemment mon t-shirt, découvrant mes seins nus. Je le jette à terre. Il m’énerve. Ses yeux, là, qui soutiennent les miens, ça me fait bouillir de l’intérieur. Mes mâchoires se contractent ; je déboucle ma ceinture. Il a repris son verre, et me regarde faire en feignant l’indifférence.
Je sors brutalement de mon jean, et d’un coup de pied le balance à quelques mètres. « Entièrement. »
Le ton n’est même pas celui d’un ordre, mais d’une vérité à laquelle on ne peut se soumettre. Je retire mon string, reste un instant comme ça face à lui. Puis je m’avance, et, la mâchoire toujours aussi contractée, je lui décoche une gifle monumentale.
Il redresse lentement la tête dans ma direction, la joue rougie. Je n’ai pas peur, mais je sens qu’il va en faire de même. Frappe-moi, le supplié-je intérieurement. Punis-moi. Et de ce geste de ta main, fais sortir toute cette culpabilité enfouie en moi.
Il éclate de rire. Un rire sonore, profond, qui me glace sur place. Voyant que je ne le suis pas sur cette lancée, il se lève, m’attrape brusquement par les épaules, il sert tellement fort que je sens ses doigts comprimer mes muscles. Il plonge dans mon cou, embrasse, lèche. Mord. Si fort que des larmes montent à mes yeux. Je hurle ; et ça l’excite de plus belle. Je sens son sexe en érection contre moi, comme s’il essayait de me pénétrer par le ventre.
J’enfonce mes ongles dans son cou. Il me relâche, surpris. Il a un sourire de sadique, et j’aime ça. Je le repousse un peu, un doigt sur sa poitrine, comme pour lui dire « Ne bouge pas ! » D’un foulard, je lui bande les yeux, le tourne face au canapé. Je trouve rapidement un gros couteau de cuisine.
Je reviens le plus silencieusement possible.
« Ne bouge pas, lui murmuré-je. »
D’un coup de couteau, je fend en deux sa chemise, qui éponge immédiatement une grosse coulée de sang, le tissu délicat est bientôt trempé de rouge.
Cri de douleur. Ma langue parcourt la blessure, mes papilles se délectent de ce goût métallique. Il retire le bandeau, se retourne brusquement. Me jette à terre, mon dos heurte le sol, j’ignore si le craquement vient du parquet ou de mes vertèbres. Il retire précipitamment son pantalon. Il m’attache les mains au-dessus de la tête. Me pénètre violemment. De son dos coulent des filets de sang qui atterrissent sur mon ventre. J’ai mal et j’en jouis.
Dans un râle rauque, il s’effondre sur moi. | |
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