Alsciaukat
| Sujet: Fragment #79 - Finalement seul, en cette veille de rentrée 13.04.08 16:29 | |
| Mardi 1er mai 2007 à Saint Avertin J'ai mal au cou. Je n'ai plus envie de tenir ma tête droite, cela me fatigue. Je la laisse choir sur mon bras posé sur la table. C'est mieux, ainsi. Et puis de cette manière, j'ai une superbe vue sur ma jambe gauche, parce que je suis mal assis, la jambe droite sur le côté, la gauche vers l'avant. Je ne bouge pas. J'ai envie de dormir. Je ne vais sans doute pas tarder à aller me coucher. Je serai en forme, comme ça, demain, ainsi que le dirait Jérôme s'il me voyait. Je n'a rien fait contre Christelle et lui. Je me suis simplement laissé aller, durant ces vacances. J'ai oublié le reste. La vie à Saint Avertin me paraît fade. L'herbe n'a pas la bonne couleur, dehors. Elle est à peine verte, loin de cette couleur vive et brillante aux contours d'or des Landes. Le ciel est d'un gris sombre et menaçant. Il a même plu. Et la maison, aussi grande soit-elle, est sans vie, l'air y est pesant, lourd. J'étouffe. Je crois que c'est la fatigue qui me fait délirer, mêlée peut-être à l'absence d'envie que j'ai de retourner demain en cours. Ce n'est pas que cela me fasse peur, ou bien que cela m'énerve ; simplement, je n'en ai pas l'envie. Pas le désir. J'irai avec indifférence. J'apprendrai avec indifférence. Écrirai sur ma copie sans prendre garde aux mots que j'alignerai. Je n'aurais pas du partir. Et pourtant je ne peux me résoudre à regretter sincèrement cette semaine. Elle était bien. J'ai passé une bonne semaine. Les mots sonnent étrangement dans ma tête. Et puis, après tout, pourquoi pas ? Les bonnes semaines, ce n'est pas réservé qu'aux autres. J'en connaîtrai encore, c'est certain. Mais celle que je vis actuellement n'en fera pas partie. Je me redresse, range mon assiette et mes couverts dans le lave-vaisselle, pose la casserole dans l'évier. Comme un zombie, je passe dans l'entrée, monte les escaliers. Salle de bain. Brosse à dent, dentifrice. Miroir. Le fleuve de pétrole qui s'écoule de mes yeux est réduit à un simple filet, ce soir. Pas de quoi avoir peur. Mes cheveux, bien que courts, parviennent à être en bataille. Ridicule. Je crache, je me rince la bouche. Chambre. Les vêtements tombent par terre un par un. La couette se soulève, me laisse me mettre sous elle. Et, dans ce creux chaud et douillet, je me rends compte que je suis seul. Et que si je n'étais pas moi, je me serais peut-être laissé aller à avoir envie de pleurer. | |
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