Alsciaukat
| Sujet: Fragment #122 - Un air de famille 13.04.08 18:06 | |
| Dimanche 9 décembre 2007 à Joué-Lès-Tours J'allume l'ordinateur, presque par réflexe. Personne encore n'est levé dans la maison. Je me sens toujours aussi bien ici. Mieux qu'à Saint Avertin. Ces couleurs chaudes, au mur, qui donnent une ambiance si douce et agréable, et puis Christelle, et puis Léa. Je me sens bien. Mais toujours pas de réponse. Qu'est-ce qui a bien pu me mettre ainsi en tête que Julian me répondrait, et surtout que sa réponse aurait le moindre intérêt ? Je me suis monté seul une histoire invraisemblable, à laquelle rien de nouveau n'a été ajouté depuis. Le professeur de physique a été remplacé par un autre, terne mais brillant, avec qui nous poursuivons le programme. La vie a retrouvé son cours, personne ne semble se rappeler de cet épisode, sinon parfois lors des cours, quand un élève fait sans le faire exprès une remarque déplacée et que celle-ci est suivie d'un long silence que le nouveau professeur interrompt en reprenant son long monologue. Ma vie est comme calmée. Les choses me paraissent avoir moins d'impact, c'est un petit peu comme si mon esprit avait pris un important recul face à tout ce qui m'arrive. Léa s'en est rendue compte, et elle est parmi les dernières choses à parvenir à me faire revenir dans le monde présent. Je sens sa main qui se pose sur mon épaule. Le bruit de l'ordinateur a du la réveiller. « Excuse-moi, lui dis-je. - C'est rien, Léo. » Court silence. « Tu n'as toujours pas ce que tu as attends ? - Non. Toujours pas. Ce n'est pas grave. Je vais arrêter d'attendre. » Je sens ses doigts qui serrent doucement mon épaule. Ces quelques mots l'ont réconforté. Je ferme la messagerie et me relève pour faire face à Léa. Et je lui souris, non pour lui faire plaisir, mais simplement parce que je ne puis m'en empêcher. Elle est toujours aussi belle, malgré le peu de lumière du jour qui perce à travers les rideaux de dentelle. Je sens un puissant élan en moi, qui voudrait me faire lui crier combien je l'aime, mais je le réfrène, ce serait trop banal, trop inadapté... Il lui faut quelque chose de mieux. Elle me prend la main et m'attire dans ses bras. Je pose mon front contre son cou, ferme les yeux. Oublie tout. Quelques minutes passent ainsi, durant lesquelles je sens son souffle sur ma nuque, sur les cheveux fin et coupés de la veille. Mes mains son dans son dos, contre la chemise de nuit qu'elle porte encore. Nous nous séparons, et je lui dis que je descends petit-déjeuner. Elle me répond qu'elle ne va pas tarder à me rejoindre. Le petit couloir. Les escaliers. L'entrée. La cuisine. Je sors de quoi manger des placards, une brioche non tranchée, de la confiture de cerise, du beurre ; de l'eau, un verre, une cuillère, deux couteaux. Je m'assois et commence à découper la brioche. J'entends la porte de la chambre de Jérôme et Christelle qui s'ouvre, des pas dans le couloir, puis la porte des toilettes. J'étale le beurre avec lenteur, sans vraiment y faire attention. Je regarde surtout, dehors, la lueur du jour commencer à poindre par-dessus la cime des quelques arbres du quartier. Christelle entre dans la pièce et me sourit. « Salut Léo, comment tu vas ? - Pas mal, bien dormi. Et toi ? - Ca va bien aussi. J'étais réveillée et je me suis levée plutôt que de réveiller Jérôme également en me tournant et me retournant dans le lit en tentant de me rendormir. Tu me passes la brioche et le couteau, s'il te plaît ? » Je les lui tends. Elle s'est installée en face de moi. Confiture. Cette brioche est bien, elle n'est pas pleine de trous. On peut étaler la confiture sans en mettre plein la table. J'entends Léa dans les escaliers, qui nous rejoint. Elle entre dans la pièce, sourit à Christelle. « Et toi, bien dormi ? » Pour toute réponse, Léa sourit et s'assoit à côté de moi. Je lui tends deux tartines prêtes et me lève pour lui sortir un verre, ainsi qu'à Christelle. « Tu peux sortir le jus d'orange aussi, s'il te plaît ? - Ca marche. » Je le pose à côté d'elle et m'installe de nouveau à ma place. Léa a commencé à manger. « Bonjour ! » Je tourne la tête. Jérôme entre dans la cuisine. | |
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