Alsciaukat
| Sujet: Fragment #130 - Car je ne veux plus vivre loin de mes enfants 13.04.08 18:15 | |
| Jeudi 31 janvier 2008 à Joué-Lès-Tours Bouger. Bouger. Je sens la colère monter en moi, rapidement étouffée par les mots qui tourbillonnent. Mais je ne peux pas bouger. Je respire profondément. Mes membres sont ailleurs. Je les sens sans pouvoir les mouvoir. Et pourtant il faut que je bouge, je dois me lever, prendre une feuille, un crayon, écrire, vomir les mots qui s'emmêlent dans mon esprit. Respire, Léo. Fort. Je crispe le poing, et sens peu à peu mes doigts remuer. Ca y est. Ils bougent tout à fait. Je m'étire nerveusement, ouvre les yeux, relâche ma respiration. Je peux bouger. Je me lève, m'assois au bureau, allume la petite lampe. Qu'est-ce que c'est que ce bordel dans ma tête ? Les mots s'enchaînent, je dois les écrire. Voyez, je suis semblable à vous tous, pauvres gens, Je suis aussi capable de porter les armes, J'ai tout comme vous tous versé toutes mes larmes Et sous la lune rousse perdu mon argent. Vous qui voulez détruire ce que vos aînés, Sans s'attendre à votre ire, avaient fait de leurs mains, Rendez-leur un honneur : ils seront morts demain. Et voyez mon horreur : mes fils assassinés. Oubliez mes ancêtres, voici ma blessure ; Je laisse transparaître ma douleur intime, Je l'expose à vos yeux et à votre morsure.
Alors, si mon sang pieux paraît illégitime, Tuez-moi ; je me livre à votre soif de sang, Car je ne veux plus vivre loin de mes enfants.
Et je ne comprends pas plus. Je parcours le texte d'un regard terne. Je ne sais pas ce que tout cela signifie. Et j'ai peur. Un frisson de froid me parcours, malgré l'agréable température de la pièce. Quelque chose se referme sur moi. Le dernier poème que j'ai écrit était déjà trop étrange. Mais je n'ai pas d'enfant. Qu'est-ce que tout cela signifie ?... Je ne comprends pas ces pulsions qui me saisissent et me forcent à écrire... Souvent elles s'emparent de moi en cours, mais la plupart du temps, une fois que je me suis laissé emporter, la plume retombe, sèche, avant d'avoir tracé la moindre boucle, et un puissant sentiment de frustration monte en moi, sans que je puisse l'expliquer. Je chiffonne la feuille et la jette à la poubelle, puis me recouche. | |
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