Bételgeuse
| Sujet: Fragment #52 - Mort prématurée 13.04.08 18:51 | |
| Mardi 19 septembre 2006 à Dijon Je frissonne. Une vague de froid s’est engouffrée dans mes entrailles, glaçant mon sang, bandant mes muscles débiles ; mon estomac est comme secoué de spasmes. Je serre un peu plus la couverture contre mon corps replié dos au mur, le bout de mes doigts a pris une teinte violacée. Je m’imagine déjà cadavre, gelée pour l’éternité, avec pour seule compagnie les vers déchirant ma chair, creusant des tunnels sous ma peau, dans mes veines encore pleines de sang immobile, déféquant à l’intérieur de moi, me rendant ainsi ce qu’ils m’ont pris ; ils pondent des œufs invisibles desquels sort toute une armée de larves gluantes, qui à leur tour creusent galeries et grottes dans mon ventre putréfié. Je tremble. De plus en plus violemment. Je ne contrôle plus les secousses de mes membres égarés quelque part entre le violet et le bleu. Je peux sentir les premiers vers qui cherchent à pénétrer dans mes doigts ; je pleure, et même mes larmes sont froides. Ce qui arrive à mes lèvres spasmophiles n’est qu’eau salée et glacée comme la mort. Mama… Ya no quiero morir… Ils attaquent la première couche de mon épiderme, puis s’enfoncent sous la peau fine et blanche ; ça me gratte, ça me démange, je frappe mon avant-bras du revers de la main pour les faire partir, ils s’accrochent, et continuent leur chemin dans mon corps tremblant. La douleur de les savoir à l’intérieur de moi me fait hurler, un râle rauque entre mes larmes froides ; Mama… te pido que hagas algo, te lo suplico… « Te lo suplico !!!! » Ma phrase se perd dans mes sanglots. Mes sanglots se perdent dans mes cris. Mes cris se perdent dans ma poitrine. Leur résonnement se perd dans mon corps épuisé. Mon corps épuisé s’évanouit dans mon cerveau embrumé. Mon cerveau embrumé… Noir. | |
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