Bételgeuse
| Sujet: Fragment #69 - L'inconnu à ma place 13.04.08 19:15 | |
| Dimanche 5 novembre 2006 à Dijon Je suis sûre d'oublier quelque chose. Je suis là, en train de comater sur mon lit, encore en chemise de nuit, le sang encore gorgé de substances et d'autres, et j'ai le désagréable sentiment d'avoir oublié quelque chose. Je resserre la couette autour de mes épaules et de mes genoux. Pose la tête contre le mur, bâille. Le réveil affiche 16h38. Je vais rester là, toute la soirée s'il le faut, peut-être aller voir Francis cette nuit, et demain j'irai à la fac complètement défoncée, je boirai un café avec Charlotte et... Merde ! Putain de bordel de merde ! Le ciné avec Charlotte ! Je me lève brusquement, la tête me tourne quelques instants, je change le filtre de la cafetière, verse la poudre odorante, appuie sur le bouton, fonce dans la salle de bain. L'eau froide me frappe les joues, rebondit sur ma poitrine, mes épaules, et descend jusqu'à mes pieds. Elle prend possession de mon corps et de mon esprit fatigués, devient lentement un peu plus chaude. J'étale le gel douche, faisant apparaître des bulles transparentes sur ma peau blanche, rince. Encore trempée, je me sers un bol de café fumant. Me brûle la langue à trop me précipiter. J'enfile un jeans et un t-shirt par-dessus les gouttes qui coulent dans le creux de mes reins, entre mes cuisses, autour de mes seins. Puis un pull, faut pas déconner, avec le temps qu'il fait! Je finis mon café en attrapant mes clefs. Dévale les escaliers. Au troisième étage, je stoppe net. C'est qui lui ? Sur le palier, devant chez Romain. Silhouette élancée, cheveux très bruns. Qu'est-ce que je peux être conne ! J'avais bêtement eu l'impression d'avoir été la seule à pénétrer dans ton antre, Azulor... Que j'ai été naïve ! Après tout, pourquoi aurais-je été la seule ? La seule à découvrir cette partie de toi, la seule à qui tu t'étais un peu ouvert... Une boule de chaleur remonte dans ma poitrine, colère mêlée de déception. J'aimerais rester là à observer cet inconnu, mais il va finir par sentir ma présence et tourner la tête, et je ne veux pas qu'il me voie avec cet air déconfit. Et puis merde, Sylvia, en plus t'es en retard ! D'un mouvement, je m'élance à nouveau dans les escaliers. | |
|