Bételgeuse
| Sujet: Fragment #97 - Explosion du vide 13.04.08 20:01 | |
| Vendredi 12 janvier 2007 à Dijon L'attente me tue. Ne vous rendez-vous pas compte, vous par qui tout est arrivé, que ma vie s'enfuit par tous les pores de ma peau, un peu plus à chaque seconde qui passe ?! La salle d'attente est vide, il fait chaud ; je sens quelques gouttes couler le long de mon cou, sueur maudite d'un corps malade, eau mêlée de sel et de poison. Et mes poumons, misérables soufflets qui refusent de s'emplir d'air salvateur, morceaux de chair pourrie, sont-ce eux qui bloquent l'entrée de ma gorge ? J'essaie de maîtriser ma respiration tandis qu'elle se fait plus pressante, oppressante, l'attente m'enserre de ses bras puissants, et je n'arrive plus à inspirer assez d'air, ma tête commence à tourner, je vais exploser ; je me lève, afin de marcher un peu pour délier les muscles tendus de mes jambes, et d'arrêter de battre du pied. Je n'en peux plus. Eole, si seulement je pouvais te mettre en flacon et m'envelopper à loisir de tes vents bienfaiteurs, mes poumons rabougris ne me feraient plus ça. Je n'en peux plus. Sans que je m'en rende trop compte, je sors de la salle, passe devant le secrétariat. Mes jambes dévalent les escaliers, et à peine dehors continuent leur course folle, tandis que l'air pénètre enfin mon corps. J'ai envie de hurler tandis que mes muscles se gonflent de sang et se tendent sous l'effort, et que je me sens gonflée de vent. Je ne sais pas où je cours, et à vrai dire, je m'en fous, tout ce que je veux, c'est courir, vérifier par moi-même que mon corps fonctionne encore, fuir loin, très loin de cette salle d'attente exposant sans pudeur des instruments de torture, loin de ces putains de médecins, loin des bureaux blancs, loin de l'attente qui me fait perdre de précieuses, trop précieuses secondes ; fuir, loin, courir, respirer, hurler, me battre contre le vent, sentir les décharges d'adrénaline, plus fortes que jamais. M'enfuir, oublier, contracter mes muscles, frapper un poteau et avoir mal. Vivre. | |
|