Bételgeuse
| Sujet: Fragment #101 - Le vide 13.04.08 20:04 | |
| Mercredi 7 février 2007 à Dijon « Sylvia, t'es sûre que ça va ? » Je relève mes yeux qui étaient plongés dans l'océan noir de mon café. Mon sourire se veut rassurant. « Oui oui, ça va. Je... Je vais faire un tour. » Je vide ma tasse d'une traite, me lève, lance quelques pièces sur la table. Arrivée dehors, j'allume une clope, et dès la première bouffée, la fumée se propage dans tout mon corps et détend mes muscles. J'entends encore leurs voix qui me parlent dans la tête, leur conversation en forme de pollution sonore, cocon propice à l'assoupissement de mon esprit. Ou plutôt à son absorption par le vide qui me dévore et dont vous n'avez même pas idée. J'ai envie de retourner sur mes pas et de leur hurler ma vérité. De cracher le venin, de l'expulser aussi loin que ma haine pourra l'envoyer, de pleurer et de crier comme une hystérique, et finalement de tomber, épuisée, dans les bras de quelqu'un, n'importe qui, cet inconnu dans la rue ferait très bien l'affaire, et dire la peur qui m'étreint, mes poumons qui me lâchent petit à petit, et la douleur dans mon ventre. J'ai bien essayé de la faire taire, mais toujours elle revient, lancinante, comme un pincement qui ne finit jamais. Et je ne peux plus faire semblant, oublier. Sa présence est un murmure qui me rappelle que mon temps est compté ; et que le Sien l'est aussi, sûrement. J'entre dans un bureau de tabac, et lorsqu'on me tend mon paquet, j'essaie, je jure que j'essaie vraiment, mais je n'arrive pas à sourire ; et je me demande s'il a remarqué les larmes qui se pressent au bord de mes yeux. Sûrement pas, qu'est-ce qu'il en aurait à foutre ? Mon monde est une plaine vide qui s'étend à l'infini, où la présence et l'absence d'autres importe peu. Je suis devenue une étendue de solitude qui s'étire à perte de vue. | |
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