Bételgeuse
| Sujet: Fragment #100 - Cauchemar 13.04.08 20:04 | |
| Samedi 27 janvier 2007 à Dijon Lumière blanche aveuglante. Long couloir aseptisé. Le noeud dans ma gorge ; les larmes, joues. Poignets. « Vous ne pouvez plus rien faire pour elle ». Ne me laisse pas seule, je t'en supplie, ne me laisse pas seule. Poumpoum, poumpoum. Le coeur qui résonne contre les côtes. J'essaie de me relever, mon corps n'obéit plus. Cri silencieux. Je t'en prie, je t'en supplie. La lumière blanche défile, odeur âcre qui jette son amertume sur le fond de ma langue. Je le sens, plus présent que jamais, il pince ma peau, tord mes muscles, pique mon sang. Il a le goût âpre de Toi. Ta peau sous mes lèvres, Ton odeur enivrante. Besoin de Tes mains sur mon corps, tandis que mon esprit s'envole haut, très haut, très loin, bien au-delà de vos têtes. Il lèche mes artères, noie mes os. Ta chaleur qui se répand dans moi, comme le feu qui frappe mon foie et mord mes poumons. Tes bras musclés Tes fesses rondes la fossette de Ta joue il glace mes nerfs et brûle mes membres le poids de Toi sur moi Tes yeux brillants de sommeil il se propage Tes doigts Tes cheveux en bataille il se mêle à mon sang à l'air que je respire Tes hanches il est la salive que j'avale il a l'amertume de Toi Tes mains Tes yeux Ta peau Ton odeur Je sens quelque chose sur moi, vers ma hanche. Un poids mort, chaud et un peu humide. Une main. Qui tressaute un peu, en même temps que son propriétaire. J'ai la tête qui tourne encore pas mal ; un marteau s'abat régulièrement sur mes tempes. Pam. Pam. Pam. Il y a quelque chose de bizarre, je ne le sens pas. J'ouvre les yeux. La pénombre les pénètre violemment. Pas de panique, surtout pas de panique. Je ne reconnais pas l'endroit où je suis, et j'ai peur de vérifier le plus terrifiant. Mais avant même que mes yeux ne s'en assurent, je le sais. Ce n'est pas Son odeur. Et je ne me souviens pas. Réfléchis, Sylvia, Réfl... Outch ! Mon souffle est coupé, mes poumons refusent de s'ouvrir. Je bondis hors du lit, me mets debout, l'air n'entre plus dans moi. Ma bouche reste ouverte, attendant que le vent ne s'y engouffre, puis d'un coup, tout se débloque, et ma cage thoracique se gonfle enfin d'oxygène mâtiné d'effluves de fumée et de parfum pour homme. Il s'est réveillé. Merde, mon odorat m'aurait-il lâché ? « Qu'est-ce qu'il t'arrive, p'tit bout ? » | |
|