Mintaka
| Sujet: Fragment #40 - Au lendemain du cauchemar 12.04.08 16:18 | |
| Mardi 2 janvier 2007 à Dijon Je me réveille doucement, entre ces murs blancs. Mon cou me fait mal et j’ai des fourmis dans le bras sur lequel j’avais calé ma tête. J’ai passé la nuit à l’hôpital, à veiller sur Julian. Mais entre cette position super-inconfortable et les images de Jed abattant ses poings plein de fureur sur mon amour prit de court, j’ai eu un peu de mal à dormir. Quand j’ouvre les yeux, Julian n’est plus dans son lit. Les infirmières m’avaient pourtant demandé de le garder le plus longtemps possible couché à cause de sa perfusion… Mais j’ai du m’assoupir plus longtemps que prévu. Je le trouve penché sur son ordinateur, ses doigts tapant frénétiquement sur les touches du petit clavier. « Tu devrais pas te lever déjà tu sais… les infirmières ont dit que c’était pas sérieux. » Il referme l’écran de l’ordinateur en sursautant. « Aïe ! - Ah oui et j’ai oublié de te dire, les gestes brusques aussi tu devrais éviter, dis-je en souriant. - Très drôle. Tu viens de te réveiller ? Ca va ? - C’est plutôt à toi que je devrais demander ça. C’est pas moi qui me suis faite tabasser je te rappelle. - Non mais je me doute que ça n’a pas dû être facile pour toi non plus… - Allez, plains moi aussi ! Et toi comment tu te sens ? - J’ai mal à la tête, et au flanc aussi… et j’ai une tête de boxeur. - Mais moi j’te trouve craquant, même en boxeur raté ! - Aïe ! Me fais pas de bisou… j’ai mal là aussi. - D’accord Monsieur douillet ! »
Il retourne se coucher quelques minutes plus tard. Quant à moi, je file à l’extérieur de la chambre, pour rassurer mes parents sur l’état de Julian, et le mien par la même occasion. Même si physiquement je n’ai rien, voir tant de violence dirigée envers la personne qui compte le plus pour moi m’a vraiment retournée. J’ai déjà quatorze appels en absence sur mon téléphone. De Zoé pour la plupart, et puis de certains autres de la soirée, qui veulent sans doute avoir des nouvelles. Je prends simplement la peine de rassurer Zoé par texto, plus de peur que de mal, elle se chargera du « téléphone Arabe ». Quand je retourne dans la chambre, Julian s’est déjà rendormi. Je reprends ma place dans le fauteuil qui m’a servi de lit pour cette courte nuit, et ne peux plus le quitter du regard. Il a l’air tellement paisible, plongé dans ce sommeil réparateur. Son visage a quitté les traits terrifiés et endoloris qu’il avait la veille, quand Jed, en furie, le rouait de coups sans aucune pitié. Comment un seul être peut-il avoir autant de haine et de violence ? Je revois son visage crispé par cette haine sans bornes quand il s’en prenait à Julian, je revois ses poings serrés et ensanglantés qui s’abattait sur ce petit corps. Je ne peux m’empêcher de me rapprocher de Julian et de le serrer dans mes bras. Je le réveille.
« Hum… Ca va pas ? - Si, si… mais j’ai eu tellement peur… de te perdre. - Je sais, tout va bien maintenant. - J’arrive pas à dormir. - Viens, couche-toi près de moi. » Je m’endors en quelques secondes, entre ses bras, bercée par le bruit de son cœur qui bat… qui bat… qui bat encore. Merci mon Dieu. | |
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