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 Fragment #12 - La dure vie d'un nomade

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Sirius

Sirius



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MessageSujet: Fragment #12 - La dure vie d'un nomade   Fragment #12 - La dure vie d'un nomade Empty09.04.08 19:23

Vendredi 13 octobre 2006
entre Paris et Dijon

Un mendiant s’est installé sur le trottoir devant un restaurant et se délecte de l’odeur émanant des cuisines.
Le cuistot fait irruption dans la rue pour chasser le pauvre homme.
« Que fais-tu mendiant sur mon trottoir ?
- Je me repose et je profite de l’odeur de votre restaurant, répond l’homme en guêtres.
- Alors si tu veux rester là il va falloir me payer, rétorque le chef. »
Sans protester, le mendiant sort une pièce de sa poche. Puis, lentement, il approche la pièce du bord du trottoir et frappe celle-ci contre le bitume. Un petit bruit de métal retentit alors qu’il déclare :
« Puisque je me nourris d’une odeur, je vous paye avec un son. »


A Paris avec onze euros, ce n’est pas facile. Je suis arrivé lundi soir à l’aéroport. J’y ai passé la nuit, car je savais qu’il valait mieux dormir là-bas qu’ici à Paris même. A l’aéroport il y a des banquettes, et je n’étais pas le seul à les utiliser. En effet, beaucoup de gens dorment à l’aéroport même. Les hôtels alentours sont hors de prix et bien souvent on arrive en train le soir et on prend l’avion le lendemain matin très tôt.
Je savais que ce serait durant cette nuit là que mon repos serait le plus bénéfique. Je pris donc mon temps afin de récupérer le plus possible. J’avais un décalage horaire de sept heures à rattraper. J’arrivai à 21 heures en France, alors qu’au Japon pour moi il était 4 heures du matin. Je dormis jusqu’à 5 heures du matin – heure française – l’heure où les premiers passagers arrivaient à la porte d’embarquement où j’étais installé. Il fallait me mettre en route.
Il fut facile de frauder le RER à cette heure-ci, car il y avait peu de surveillance. Ainsi je pu aisément sauter les tourniquets en me faufilant parmi la foule parisienne du matin à l’heure de pointe.
Après un bref calcul, il m’apparut plus simple de tenter de prendre le train sans payer que de rentrer à Dijon en stop. Je descendis donc à la gare de Lyon. J’y dépensai trois euros quarante pour y prendre le sandwich le moins cher et m’assis face au panneau électronique des départs, au dernier niveau. J’attendis des heures durant qu’un train express régional, TER pour les puristes, n’indique « destination Dijon ». Je savais bien que les contrôles de billets n’étaient pas systématiques dans ces trains, contrairement aux trains à grande vitesse – TGV autrement dit. L’horaire ne me plut en revanche pas particulièrement. Le train partait à 19 heures. Soit, j’acceptai ce destin et attendis toute la journée. Lorsque je montai dans le train, le cœur battant, il me restait quatre euros et vingt cents. Ils sont chers ces sandwiches de la société nationale des chemins de fer français – SNCF oui.
Me voilà enfin à Dijon. La chance m’a souri jusqu’à présent, pas de contrôleur, et pas de problème majeur. En sortant du train j’ai pu sentir avec une immense joie l’air de ma ville natale. Quel bonheur ! Qu’il était doux l’air de cette petite ville, à 23 heures…
Cela fait à présent deux jours que j’erre dans cette ville, l’air me semble moins doux. Avec mes quatre euros et vingt cents je n’ai pu me payer qu’un seul sandwich. La faim me tenaille le ventre. A plusieurs reprises j’ai essayé de quémander auprès des cuisines de fast-foods ou de petits restaurants, mais en vain. Il ne fait pas bon être sans abris de nos jours. Je semble pourtant assez présentable. En effet, chaque jour je fais une petite toilette corporelle au lavabo de cabinets publics. C’est d’ailleurs ici que mon argent a terminé. En effet, je n’ai eu d’autres choix que de payer pour cela. Les autres toilettes gratuites sont dépourvues de lavabos, mais en revanche agrémentées d’une douce odeur qui vous saisit les narines dès que vous passez le pas de leur porte. Dans mon sac j’avais de quoi subsister durant une semaine, « vestimentairement » parlant. Il me restait également quelques gâteaux, que j’économise à la manière dont le plus avare des hommes conserve ses centimes.
Cela ne peut durer. Il me faut trouver un logis. Mardi, après avoir allumé mon téléphone portable, qui par ailleurs indiquait batterie très faible, constaté que je n’avais aucun message, j’ai parcouru le répertoire. J’ai compris dès lors qu’il n’y avait qu’une seule maison pour m’accueillir. Mes amis, si tant est qu’ils l’aient déjà été un jour, vivent chez leurs parents ou bien loin de Dijon. Situation donc bien délicate que de demander à ces amis, disons ex-camarades de classe ou de clubs sportifs, de m’héberger.
Je ne vois qu’une seule solution. Cela fait trois jours que je ne sais pas comment aborder cette question. Question à un million d’euros : comment demander à votre ex-petite copine, que vous avez abandonné un mois plus tôt pour aller vivre de l’autre côté de la planète sans l’avertir, de vous pardonner et de vous accueillir chez elle ?
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Altaïr

Altaïr



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MessageSujet: Re: Fragment #12 - La dure vie d'un nomade   Fragment #12 - La dure vie d'un nomade Empty12.03.09 15:13

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