Fragment #24 - Mal de crâne

La chaleur moite devient difficile à supporter. Jamais un moment de répit : ici je sue à longueur de journée et mon crâne est victime de migraines terribles. Je me suis assis sur le vieux canapé, un linge mouillé sur le front pour calmer la machine infernale qui gronde dans ma tête, armée de pics et de masses. Charly est installé dans son rocking-chair, il mâchonne quelque chose en regardant entrer deux clients, des anglais apparemment, qui font le tour du garage en regardant les antiquités disposées sur les présentoirs. Nathan, l'assistant de Charly, a appelé ce matin depuis Le Caire, où il s'est installé, pour dire que tout allait bien là-bas. Je sais pas trop quoi penser. Ils ont l'air d'y croire vraiment, à cette histoire d'Enfer et d'Agartha, à leurs reliques, à leurs symboles, à cette extravagante chasse au trésor. Forcément, il y aurait que Charly dans ce bateau, ça serait plus facile de se dire que c'est du vent, mais le fait que quelqu'un d'autre puisse y croire dur comme fer, ça, ça me dépasse et ça me fait douter de tout.
Charly s'est levé pour parler d'un tableau avec les anglais. Peut-être pas anglais, d'ailleurs, la fille parle un français impeccable. D'un coup, deux types entrent dans le garage, avec des uniformes de flics d'ici, ils disent que Charly est en état d'arrestation pour le vol d'un masque précieux d'un certain « M. Abou ». Je me lève, un peu ahuri par la soudaineté de cette irruption et par le calme de mon père face aux deux gorilles.
« Ca serait bien que tu gardes la boutique quelques temps, il me lance. Bon courage, Louis. »
Ils le menottent et l'embarquent. Les deux anglais, une jeune fille aux cheveux courts et son petit ami, me regardent, stupéfaits. Ni eux ni moi ne comprenons ce qui vient de se passer.