Fragment #27 - Le voisin

Je suis rentré plus tôt ce soir. Mes collègues, qui habitent la campagne, ont pu quitter une heure avant durant la période de grand froid. Les CPE ont estimé que je méritais le même traitement maintenant que le redoux s’est installé. Juste compensation.
Un nouveau suspect a été arrêté. Le courrier picard annonce cette nouvelle, certifiant que l’enquête est presque terminée. On aurait arrêté un clochard habitué du quartier où vivait Olivier. Il portait depuis quelques semaines le survêtement ainsi que les baskets du sportif assassiné. Ce sans abri prétend les avoir trouvés près de la poubelle mais ne pas avoir vu le corps. La police annonce que l’enquête semble en bonne voie, ce mendiant aurait déjà assassiné un de ses compagnons pour lui voler sa nourriture.
Moi qui m’inquiétais d’avoir laisser le sac près du cadavre, je me réjouirais presque de cette erreur. Voilà peut être la fin de mon calvaire à Beauvais, la fin de cette comédie inutile.

Mon voisin vient de quitter l’appartement. Premier contact entre nous depuis son emménagement début décembre. Plutôt beau garçon, le genre de mec sur lequel les nanas se retournent : un cul magnifique, célibataire et assez enjoué. Il reçoit ses amis ce soir pour une pendaison de crémaillère tardive. Pierre m’a invité pour me remercier du café et du plat. Je ne sais pas si je viendrais. Sa nature extravertie me perturbe, j’ai eu du mal à garder une distance entre nous. Quand il a vu l’article du journal en évidence sur la table, il a osé dire qu’Olivier n’a eu que ce qu’il méritait. J’ai eu la décence de paraître choqué mais, intrigué je n’ai pu m’empêcher de lui offrir un café. Ce jeune homme est policier. Apparemment Olivier était déjà connu pour de nombreuses agressions homophobes et seule l’absence de plaintes des victimes lui permettait de continuer.

Je pense que je vais y aller. Pierre m’a précisé avant de partir que beaucoup de ses collègues seront présent. Ainsi, si les flics me sont antipathique mieux vaudrait que je ne vienne pas. J’ai bien évidemment nié tout ressentiment à l’égard de cette fonction. Ravi, il m’a alors certifié que toute absence serait sévèrement punie. Étrange. C’est avec un charmant sourire révélant de magnifiques dents banches qu’il m’a quitté. Je pense que je vais y aller. Ouvrir les oreilles, écouter, préciser que je suis pion à Félix Faure et attendre. Peut être que j’en apprendrais plus sur l’enquête.
Le jeu semble en valoir la chandelle ; Pierre également.