Fragment #122 - Oui...

Vingt-deux ans aujourd’hui. Et je suis ici, avec ma petite merveille, un peu déçue que Julian n’ai pas pu rester avec moi aujourd’hui. Mais je dois le comprendre. C’est un caprice de petite fille, et maintenant, nous sommes des adultes. Des parents.
La sonnerie de la porte d’entrée retentit et je sors de ma torpeur avec l’espoir un peu fou que ce soit Julian qui soit là, avec une rose à la main, prêt à fêter mon anniversaire. Au lieu de ça, c’est Juliette que je trouve sur le pas de la porte. A peine ai-je le temps de demander ce qu’elle fait là qu’elle est déjà entrée dans l’appartement comme une fusée, a rattroupé quelques jouets de Kokhavah et son plus beau pyjama, et me claque la porte au nez, ma petite sous le bras, en me disant que « tout est prévu ».
C’en suit une grande balade mystérieuse, lovée dans la magnifique robe que m’a apporté Simon avant de me jeter dans un taxi. Pendant le trajet, mon esprit n’en finit plus de se retourner dans tous les sens. Bien sûr, j’ai l’espoir et la quasi-certitude que c’est Julian qui se cache sous tout cela, mais Simon est un allié plus que fidèle puisqu’il ne pipera mot de tout le voyage. Au bout de longues minutes d’impatience et de questionnement, le taxi s’arrête au bord de la Seine, Simon m’aide à sortir de la voiture telle une vrai princesse, et je vois enfin le visage de Julian au loin.

En l’apercevant, je manque de m’évanouir tant je le trouve beau dans ce costume qu’il a revêtu pour l’occasion. C’est comme si sa beauté était sublimée par tout cela : le costume bien sûr, mais aussi le contexte, cette péniche sur laquelle il me guide, et tout le romantisme de cette surprise, de cette histoire qu’il écrit pour nous à chaque seconde.
Nous dînons tranquillement, et je ne saurais dire ce qui est le plus savoureux : le repas divin que l’on nous a servi, ou le bonheur d’être simplement là, avec l’homme que j’aime et que j’aimerai toujours. Plus je le vois, plus je l’entends, et plus je sais que c’est lui. Que tout cela était une évidence et que ça sera lui pour toujours…

Je vois quelques étoiles briller au fond de ses yeux, et je ne sais pas s’il perçoit celles qui brillent dans les miens, brouillés par quelques larmes de bonheur et d’émotion.
Il me prend la main, tendrement, et je sens quelque chose passer délicatement de ses doigts aux miens. J’abaisse mon regard et parvient à distinguer, malgré les larmes qui se font tout à coup plus présentes, un anneau en argent. Le plus beau, le plus simple et le plus vrai des anneaux.

Mon regard se lève doucement jusqu’à lui et mon souffle est suspendu à ses lèvres :
« Est-ce que tu veux m'épouser ? »
Pour toute réponse, je prends délicatement sa main et la pose sur mon cœur :
« Je veux que mon cœur batte aussi vite et aussi fort pour toujours. Et je sais que loin de toi il en est incapable… Je t’aime Julian, et je serai la femme la plus heureuse du monde de porter enfin le même nom que l’homme que j’aime. Le même que celui de ma fille. »