Fragment #3 - 15h du matin

Il est 15h et je finis par me lever. Le temps est gris au dehors, curieux pour un mois d'Août. Je me dirige nonchalamment vers la cuisine, dans le plus simple appareil. Je souris en sentant l'odeur du café, cette petite merveille programmable fait de mes journées un enchantement.

Mes activités nocturnes m'ont permis d'obtenir un appartement spacieux et bien situé. Je m'assieds, une tasse dans une main, une cigarette dans l'autre, sur la petite terrasse donnant sur la Seine. L'ile de la Cité est vraiment le quartier de Paris que je préfère. On s'y sent hors du monde et hors du temps.

Je me sens seule au lever, c'est le drame de ma profession. Je ne suis pas d'une nature dépressive, fort heureusement pour moi, mais je ne parle qu'à très peu de monde. Ne m'étant jamais cachée quant à ma source de revenu, ma famille n'a pas souhaité poursuivre la relation, cela me désole.

*Plop*

Facebook sonne déjà. Il est curieux de voir à quelle point on peut être inadapté dans le monde réel et comme il est simple de cumuler 1590 amis sur la toile. Il s'agit de Jean, un habitué de 38 ans. Plutôt bel homme, je n'ai jamais compris son besoin de payer pour le sexe. Loin de moi l'envie de m'en plaindre, il est à la fois une source de plaisir intense et une source de revenu des plus confortables. La similitude de nos prénoms m'a toujours fait sourire.

Il souhaite me voir ce soir, l'heure et l'endroit sont habituels. J'accepte bien sûr. Il m'expose ses demandes, il veut de la dentelle noire, des talons hauts et des lunettes de secrétaire.

Il est 15h34, ma journée commence enfin.