Fragment #138 - Sécurité

Je l'ai appelé. Il est venu, comme il se doit. Les mots sont venus, naturellement. Tout est sorti, tourbillon intarissable, torrent incontrolable. Les joies, les peines, la douleur et le soulagement. Rien n'a été épargné. Ni lui, ni moi.
Comment faire autrement ?
Son tour est venu et le sang a coulé. Des blessures que je croyais cicatrisées se sont rouvertes, d'autres sont nées. La compassion, la rancune se sont mêlées, pour mieux me faire pleurer.

Puis ses bras, forts, puissants. Ma tête sur sa poitrine, chaude et accueillante. Son nez dans mes cheveux, son souffle sur ma nuque.
Ses lèvres effleurent ma peau et je ne refuse pas. La nuque d'abord, puis le cou, les oreilles, la joue, … La bouche. Nos langues se mêlent sans jamais lutter, sans jamais se lasser. Ses bras m'enserrent plus fort, plus fort... Comme je crois l'avoir toujours souhaité.
On passe sa vie à chercher un lieu où l'on se sente en sécurité, je viens de le retrouver.
Ses mains cherchent ma peau, mon ventre, mes pectoraux, elles dessinent un chemin en lacet, sans but, sans trajet. Elles effleurent mon visage, devinent mes lèvres. Mes cuisses, mes fesse, le ventre encore.

Mon sang s'est embrasé, je me consume tel une braise, m'égare et enfin m'apaise.

Nicolas est là.