Altaïr
| Sujet: Fragment #23 - L'Ivresse du Soir 09.04.08 15:26 | |
| Jeudi 8 juin 2006 à Dijon Les rythmes telluriques se déchaînent dans l’ancien caveau. Jill est là, à côté de moi, et nos corps ont pris une nouvelle dimension. Nous sommes nos corps. Le mien, le sien, celui de tous ces jeunes agglutinés qui se tortillent autour de nous, se déhanchent, se galbent et se cambrent, ondulent et se meuvent, sautent et sursautent, vibrent et se secouent, se ploient, se déploient. La musique est là, je la sens, palpable. Soirée après soirée, elle est toujours là, cette matière délétère et assourdissante qui explose tout autour de nous, répandant sa déflagration dans l’air et le brasse. Et nous lui obéissons, petits pantins, et nous aimons sa domination sur nous, cette sensation de n’être que misère devant sa Grandeur. Musique, douce reine aux milles et un visage, emporte-nous… DJ, loyal serviteur de Madame, tu as le pouvoir d’altérer le temps et l’espace. Il n’y a plus de passé ni de futur, il n’y a plus de pesanteur. Nous flottons. Les corps se resserrent, peau contre peau, des vagues de chaleurs parviennent à mon visage, des embruns de sueurs, gouttelettes projetées en tous sens, nous nous aspergeons de nous-même, et c’est bon. Jill se colle à moi, luisante, et sa langue force le barrage de mes lèvres. Assoiffé, j’ai mordu mes lèvres jusqu’au sang, et ma bouche est un cerceau de feu qui me brûle. Mes mains glissent sur le ventre découvert de Jill, remontent et explorent la galbe de ses seins. Alors, d’un coup, Ca revient, ce sentiment, cette terrible sensation. Ca me prend depuis les jambes et Ca remonte, Ca envahit mon corps d’un flux qui me tremble. Non, ce n’est pas l’excitation, c’est… Une vibration contre la cuisse de Jill. Elle s’éloigne de l’amoncellement de nos corps. La lecture du texto semble la plonger dans un effroi. Je me précipite. Son visage effrayé se tourne vers moi, ses lèvres blêmissent à vue d’œil. « C'est mon père, dit-elle. »
| |
|