Fragment #58 - La suite serait compromise...

Allongée dans mon lit, emmitouflée sous les draps, je me repasse l’enregistrement du débat de Ségolène Royal. J’ai été un peu patraque toute la journée et je l’ai donc loupé, mais ma petite Maman qui est aux petits soins pour moi a pensé à me l’enregistrer.
Je l’écoute donc présenter son projet, ses envies. Bien sur que je sais que tout n’est pas réalisable, envisageable, applicable. Mais je refuse de me reconnaitre dans un discours comme celui de Sarkozy ! Je crois que le résultat du premier tour m’a un peu chamboulée. Depuis que j’ai assisté au dépouillement de mon village, et vu tous ces petits papiers blancs portant beaucoup trop souvent le même nom, j’appréhende beaucoup la suite.
La suite… Dans cette suite j’entends le deuxième tour, forcément, mais aussi mes examens qui commencent dans à peine un mois. J’entends aussi ma grossesse qui l’air de rien avance à grands pas. Kokhavah sera là d’ici quatre mois, et il me faudra apprendre à jongler entre la fac, Elle, et un petit boulot si possible.
Je me retourne dans mon lit, Kokhavah a décidé de gigoter ce soir !
Je sais que ma vie sera différente, rythmée par la vie de ma petite fille.
Et si j’en crois la crampe que j’attrape au ventre, ça promet d’être haut en couleurs !
J’arrête de respirer quelques secondes, le temps que la douleur passe. C’est bizarre, je n’avais jamais ressenti ça avant…
Puis la crampe passe, tout doucement, et je finis de regarder l’instigatrice de la « France Présidente » vendre les vertus de cette nouvelle patrie.
J’éteins le magnétoscope et une nouvelle crampe me prend aux tripes… Cette fois, j’ai mal, vraiment mal. J’appelle Maman, tranquillement occupée à bouquiner dans la pièce à côté.
« Qu’est ce qui se passe ma puce ?
- Je sais pas Maman, j’ai très mal au ventre… dis-je en me tordant.
- Il est où le paquet de Kinder que je t’ai acheté hier ?
- Je te jure que j’ai rien mangé… Arg, Maman j’ai mal. C’est le bébé ? Maman, dit moi que c’est pas le bébé…
- Arrête de t’en faire mon cœur… c’est juste une crampe. Tu devrais t’assoir, tu serais mieux non ? »
Je dégage la couette sur mes jambes, et découvre une énorme tache de sang sur les draps.
Mes yeux se plongent directement dans ceux de ma mère, comme pour obtenir une once de réconfort… et ils n’y trouvent qu’un air inquiet, presque affolé.
« Maman… Maman, qu’est ce que j’ai ?
- Ca va aller Chérie, lève-toi, on file à l’hôpital …
- A l’hôpital ? Je veux pas la perdre Maman… Elle est tout ce que j’ai, je veux pas la perdre… »