Altaïr
| Sujet: Fragment #278 - Retrouvailles avec Lola 13.04.08 21:09 | |
| Vendredi 24 août 2007 à Dijon « Si t'es libre on peut s'voir ? » Lola n'a pas tardé à répondre. Il fait beau, mais la chaleur, atténuée par le vent, est moins écrasante qu'en Italie. Je l'attends au parc Darcy, où nous avons rendez-vous, mes mains enfoncées dans les poches. Deux adolescentes me regardent en gloussant parce que je suis trop mignon pour ne pas être remarqué. Lola arrive avec une petite robe d'été vert pomme, et lorsque mes yeux se posent sur elle, sur son ventre rond, sur ses seins, sur son visage souriant et beau encadré d'une crinière de cheveux bruns, je sens mon coeur s'affoler. Ma Lola, qu'avons-nous fait ? D'ors et déjà je peux sentir le rythme du tambour gonfler en moi. N'y pense pas. Ignore-la et elle n'existera pas. Lola est rayonnante. Nous aimerions nous jeter dans les bras l'un de l'autre, mais nous gardons nos distances. Il y a ce ventre énorme, j'aurais trop peur de lui faire mal. Je l'invite à venir voir mon nouvel appartement. Lilian doit être chez Alexandre à Plombières, on y sera tranquille pour discuter un peu. Je lui raconte mes vacances, tout en prenant soin d'éluder l'horreur de ces dernières semaine. Elle me parle de ses journées interminables à ne rien faire, à attendre que la petite ne vienne au monde. Je change de sujet. Et la fille que tu as sauvée alors ? Tu sais, celle que tu as amené à l'hôpital ? Qu'est-ce qu'elle est devenue ? « Elle est toujours dans le coma. On sait pas si elle va s'en sortir ou pas... » J'avale ma salive avec difficulté. Pauvre petite. Nous arrivons rue Docteur Chaussier. Je lui montre la fenêtre de mon appartement, au dernier étage, tandis que nous traversons la petite allée. Dans le hall, Mme Richard, qui s'apprête à sortir son immonde chien-saucisse, nous dévisage un moment. Les deux créatures semblent si bien assorties l'une à l'autre que, en montant les escaliers, Lola et moi échangeons un sourire complice avant de pouffer de rire. A partir du quatrième étage, elle commence à fatiguer. Comme je suis content d'être un homme, et de n'avoir pas à porter un enfant en moi ! Je lui prends le bras pour l'aider, mais elle me lance un regard farouche, si bien que je la laisse se débrouiller. Au fond, je suppose qu'elle aime voir que j'ai envie de prendre soin d'elle, mais avec son fichu caractère de battante, elle a peur d'être vue comme un handicap. Comme tu voudras Lola. Jusqu'au dernier étage, elle prend sur elle pour ne pas montrer sa fatigue, mais je vois dans ses yeux une immense satisfaction en apercevant enfin la porte de mon appartement. Elle s'installe aussitôt à table. Je lui sers un verre de sirop à la menthe. Lola sort de son sac un petit colis, contenant la K7 de Nathan, celle qu'elle a reçu début Mai sans comprendre. La voix, les bruits, Dakar. Comment Nathan sait-il tout ça ? Je ne lui ai jamais trop parlé de Lola, en tout cas je n'ai pas mentionné sa grossesse, je ne savais même pas à l'époque qu'il s'agissait d'une fille. « Lola, il y a quelqu'un dans ton entourage qui connait Nathan. Quelqu'un qui lui a parlé de toi. - Mais c'est qui ce type ? Regarde la lettre qu'il m'a envoyé avec la K7 ! C'est vraiment dingue ! - Nathan n'est pas vraiment dingue. Enfin si, mais c'est compliqué. L'été dernier, je suis monté à Paris avec Nalvenn et Sébastien. Tu te souviens de Seb ? Eh ben c'est son cousin. On a dormi chez lui et quand les deux autres sont repartis pour Dijon, moi je suis resté chez Nathan. - Il me fait peur, moi. - Non, faut pas Lola. Il est à la recherche de quelque chose et il nous prend un peu pour des pions sur son échiquier. Il m'avait demandé de remettre une boîte en bois à Jed, c'est comme ça que j'ai connu Jed d'ailleurs. Dedans y avait rien du tout. Et récemment il a fait parvenir un briquet à Alexandre, tu sais, le meilleur ami de mon frère, tu l'as déjà vu. Comme ça, sans explication. Mon frère et Alex sont allés à Paris pour le retrouver mais il paraît que là il est à Dakar. - Ok, y a combien de personnes concernées, dans cette histoire ? Toi, moi, Jed, ce Nathan, et Alexandre ? - Il y a quelqu'un d'autre encore. Un type à qui je parle sur MSN. Son pseudo c'est l'Efta. Une autre personne avec qui Nathan m'a mis en contact. - Ok, et c'est tout ? - J'en sais rien Lola. J'en sais vraiment rien. Mais je pense pas. A mon avis, on est plus nombreux que ça. - Qu'est-ce que tu veux dire ? - Je sais pas comment expliquer. C'est comme si... comme si on était relié, tous. Tu vois ? Comme si on était plusieurs personnes à être « connectées » les unes aux autres. - Ah non hein, tu vas pas recommencer avec ton histoire de Clan ! - Et pourquoi pas Lola ! Tu as bien sauvé cette fille l'autre jour, non ? Pourquoi tu l'as fait ? Tu t'es pas sentie comme « liée » à elle ? - Non, c'est juste qu'elle allait mal et que je devais faire quelque chose. N'importe qui aurait fait pareil. » Je me renfrogne un peu. Lola et moi restons silencieux, le regard perdu, les sourcils froncés. Je n'ai aucune preuve, forcément, mais je suis sûr de moi. Nous sommes vraiment connectés. Je le sais, je le sens. Nous avons besoin d'être reliés. « Et si c'était vrai, reprend Lola en brisant le silence de la cuisine, qu'est-ce qu'on devrait faire ? - J'en sais rien. Les retrouver ? » | |
|