Altaïr
| Sujet: Fragment #287 - Loin des gondoles 13.04.08 21:26 | |
| Samedi 8 septembre 2007 à Dijon Ce soir je suis un peu fatigué. Je vais et je viens entre le caveau et le rez-de-chaussée. Les clients commencent à se faire nombreux, il semblerait que le Dionysos marche plutôt bien. En bas, Lullaby et Daniel s'entendent à merveille. Moi aussi je voudrais servir et profiter du travail du Dj, et qui sait, pourquoi pas danser un peu. Mais je suis bloqué en haut parce que Mademoiselle s'est attribuée la partie la plus intéressante du bar. Louis nous a laissé seuls ce soir, je n'ai personne à qui parler. Alors je repense à Joàn. Je recrée son visage, ses lèvres, son sourire. Je redessine le son de sa voix, les éclats de son rire. Je passe mes doigts dans ses cheveux immatériels. Mes yeux se ferment. Il est là, impalpable, sa chaleur imprègne mes mains. Je souris. Presse ta bouche sur la mienne, homme parfait dont j'ai toujours rêvé ! Je voudrais déposer un baiser sur ta paupière gauche, comme un battement d'aile de papillon, puis la droite, pour qu'elle ne soit pas jalouse. Puis recommencer. Longtemps. Lécher ton cou, croquer ta pomme d'Adam. Mes doigts contourneraient tes oreilles sous les boucles de tes cheveux châtain or. Comme ce serait agréable ! Je rouvre les yeux. Joàn n'est pas là. Bien sûr, il est à Madrid. Alors je sens les larmes me brûler les yeux, je les réprime pour ne pas pleurer devant mes clients, mais c'est difficile, de contenir ces fleuves de feu dans leur source. Est-ce qu'un jour quelqu'un m'aimera comme tu m'as aimé cette nuit là ? Est-ce qu'un jour je serai heureux dans tes bras ? Je ne veux pas t'oublier. Tu m'es plus précieux que tous les autres, même Jed. Parce que je ne te connais pas, j'ai pu te parer des plus beaux bijoux, sculptés en secret par mon imagination, de mille qualités délicieuses. Ton souffle seul est une promesse de bonheur tel que je me le représente. Le moindre de tes mouvements enchanterait mon existence. Pourquoi fallait-il que tu habites si loin ? Tu ne devines pas ? C'est le Destin, Julian. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ce soit comme ça ? Tu ne peux pas être heureux. Tu as une mission. C 'est simple non ? Une mission ? Un être de ton importance a forcément de lourdes responsabilités, je suppose ? Sans doute... Ca te plait, hein Julian ? Tu aimes ça, souffrir. Après tout, tu l'aimes moins lui que le fait de ne pas pouvoir l'aimer. C'est faux. Tu es complètement à côté de la plaque cette fois-ci. Je ne pense pas, moi. Pense à Jed, à Lola, à Alexandre, à Déborah. Souviens-toi, ils existent, ils ont besoin de toi, de ce que tu portes en toi. Maigre consolation. Je ne veux que Joàn. Rien d'autre. Ni personne. Et pourtant c'est impossible, et tu le sais. Parfois tu ne penses qu'à ton Coeur, parfois tu le délaisses pour lui préférer le Secret. Un jour ou l'autre, il faudra bien choisir. J'ai le temps pour ça. Peut-être pas. | |
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