Aldébaran
| Sujet: Fragment #51 - Contemplation 14.04.08 22:20 | |
| Mercredi 13 septembre 2006 à Dijon Mon Jon je ressens mon corps contre le tien ; ma main passe lentement dans tes cheveux blonds ; mon haleine contre ta nuque. Tu aimes ça, tu me l’as dit. Mon Jon ta bouche aux contours sucrés qui appellent le baiser chaud et moite de l’Amour absolu. Dieu de bas-fonds ; Seigneur de mes tréfonds ; Démon de mon malheur. Mon Jon et tes yeux profonds qui me regardent, sans un battement de tes paupières ; et ton soupir qui semble se perpétuer dans le vide de nos corps dénudés. Mon Jon la cambrure de tes reins le chemin de mes mains sur ton corps en accord avec le mien et la mort que tu insuffles je suis celui qui t’appartient. Mon Jon ma bouche contre la tienne moites et la géhenne étroite. Mon esprit qui trépigne et cale est digne de l’être-mâle que tu dégages dans un souffle et ta Transpiration. Mon Jon je suis au lit contre toi et tu t’es endormi il y a quelques minutes. Je te regarde et ton esprit est parti mais ta respiration calme pose mon être dans une quiétude extrême. C’est beau comme ton torse se soulève et s’abaisse, comme j’aime la courbe de tes fesses et l’étroite ouverture de ta bouche quand tu dors. On dirait l’Enfant-Roi, celui que l’on a envie de tenir entre ses bras et bercer pour l’aider à dormir d’un sommeil plus calme et doux. Ma main caresse ton visage et tu fais un petit son aigu qui me fait croire un instant que je t’ai réveillé, mais ton souffle profond m’apaise et me glisse sur la piste d’un sommeil tranquille. Je repense à toi et à tout ça en marchant en ville. Je n’ai pas vraiment quelque part où aller. Je marche sans discontinuer dans les rues et j’espère que mes pas me guideront quelque part. Je passe de librairie en librairie, feuilletant livres et magazines, sans vraiment prêter attention à leur titre ou leur contenu. Je respire un moment leur odeur, je flâne le long des rayons. Les couleurs m’attirent. Je pense encore à toi, mon Jon et à ton corps merveilleux, à nos nuits passées ensembles, et rien ne capte vraiment mon attention. Je passe de page en page, et c’est comme si je t’effeuillais ; de boutique en boutique, c’est ton corps que je parcours ; de rue en rue, je te parle comme en rêve, nous discutons et je te raconte ma vie. Sous ce soleil de plomb, ton haleine me rafraîchit, tes yeux calment mon souffle, tes doigts jouent avec ma sueur. Mon Jon je pense toujours à toi, au fil de mes pas qui me guident sur les tiens. Un mètre pour tes mains si douces, un autre pour tes chevilles de Dieu, un autre pour le plomb fondu qui coule dans mes veines. Soudain mon esprit est diverti de ta contemplation fantasmique. Un miroir m’est présenté. Je retrouve des cheveux bruns, des yeux dans lesquels brûle une flamme, ce même corps grand et sec. Un instant d’errance et je te reconnais, Julian. Tes pas t’ont guidé vers moi. Ma bouche s’entrouvre pour t’appeler, alors que tu me croises. Mais tes yeux ne se relèvent point. Tu restes prostré dans une sorte de course contre le temps, tes yeux un peu dans le vague. Pourquoi ne m’as-tu pas vu, et surtout, pourquoi ne m’as-tu pas reconnu? Je me retourne de trois-quarts, je te contemple t’éloigner, semblant presque même compter tes pas, sans vraiment savoir où tu vas. Mais tu y vas, sans aucun doute, sans même une hésitation. Mon cri vers toi, mon appel reste encore suspendu un instant à mes lèvres. Puis j’abandonne. Je poursuis mon bonhomme de chemin. Et je repense à Jonathan. Mon Jon, ton corps contre le mien et l’étrange évaporation de tes chagrins. Ton souffle bas et rauque, tes paupières resserrées sur un rêve qui te semble pénétrant mais si doux pourtant. Mon Jon, je ressens ton excitation et ta raideur dans le bas de mon dos et des mots demi-murmurés, à peine ébauchés sous ton regard étoile qui me glace et le paradis qui semble emplir l’ensemble de tes yeux. Mon Jon et tes baisers dans mon cou et le charme de l’hésitation d’un instant de ta main qui se pose sur la mienne et ta bouche qui tremble sur l’évocation du secret. Le mal-être à peine perçu dans un demi-clignement d’yeux et ta glotte qui descend. Mon Jon ma main qui te caresse et qui te rassure que tout ça n’est pas si grave. Mon Jon ma bouche qui t’effleure et la goutte de diamant qui perle au coin de mes yeux reflétée par les lumières irisées d’un soleil se couchant sur nos amours et l’ouverture soudaine de mon esprit à la réalité et le redressement de mon corps nu au contact des draps de lin et l’ultime espoir d’un onirisme malin. Rencontre manquée. | |
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