Aldébaran
| Sujet: Fragment #107 - Fils des étoiles 20.04.08 21:30 | |
| Mardi 10 avril 2007 à Dijon Sa main au creux de la mienne. Mes doigts qui passent sur sa peau. Douce et rosée. La rugosité de ses phalanges. Mes doigts au creux des siens. Nos deux mains se resserrent. Mes yeux dans ses yeux. Ses cils qui battent, une fois, deux fois. L’humidité de sa cornée. La profondeur de son regard qui cherche dans mes larmes une explication. Mes lèvres sur les siennes. Le goût acidulé de ses muqueuses, l’amertume de sa langue. La caresse du fin duvet qu’il a aujourd’hui sur ses lèvres. L’humidité latente de sa bouche. Il avait laissé un message sur mon répondeur, me disant qu’il comprenait ma colère, que c’était normal que je ne réponde pas. Jon ! Je ne voulais qu’une chose, te répondre… Pourquoi suis-je si maladroit ? J’avais rappelé aussitôt, nous avions parlé. Je l’avais écouté. Sa grand-mère. Il m’avait écouté. Mes larmes. Et quelques heures plus tard, je transférais ma valise à son appartement. Jusqu’à quand ? Je n’avais pas précisé. « Je t’ai cherché partout. Si tu savais comme j’ai pleuré. - Je sais, je suis désolé. Je n’ai pas pu faire autrement. - Qu’est ce qui s’est passé ? Raconte. - Elle est morte, comme ça. Complications due à son opération. - Mais ça faisait longtemps. - Oui, mais parfois ça se déclare comme ça, des mois après. J’ai dû partir à Langres en quatrième vitesse. - Excuse-moi pour ces centaines de messages sur ton répondeur… je… - Tu ne pouvais pas savoir Jed. - Tu crois que … - Quoi ? - Tu crois que c’est mieux là-haut ? - Je crois… je crois qu’il n’y a pas d’en haut. On disparaît, c’est tout. En redevient des étoiles. Part de l’Univers. - Comment ? - Tu sais, on est tous fils des étoiles. Poussières d’étoiles, accumulée : en étoiles, en planètes, en volcans, en sable, en homme. - C’est beau… - C’est comme ça… c’est… c’est la vie quoi. Excuse-moi. C’est vraiment ridicule comme conclusion ! » Nous nous mettons à rire et rire encore, dans les bras l’un de l’autre, dans l’esprit l’un de l’autre, dans l’âme l’un de l’autre. Son corps contre le mien. Chemises enlevées, jaune contre rouge vif. Torse contre torse. Bouche contre bouche. Bas-ventre contre bas-ventre. Mon désir face au tien. Mon amour qui combat le tien. Nos langues s’emmêlent, nos corps s’enchaînent l’un à l’autre. Nos fureurs s’en mêlent. Nos corps haletants. Nus sur le lit. Bouche entrouverte, cherchant vainement à retrouver notre souffle, nos yeux béants vides sur l’immensité orgasmique. Je me relève, lentement. Jon me suit vers la cabine de douche. Je prends un morceau de chocolat en passant devant la table basse. J’en croque un morceau. Je mets l’eau à couler. Jon entre dans la cabine. L’eau qui s’écoule et fuit sur son corps, délavant nos Jouissances et ses muscles tendus. Je croque dans un deuxième morceau et le rejoint. Eau brûlante sur ma peau qui se mêle à l’amertume de mes papilles. | |
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