Aldébaran
| Sujet: Fragment #115 - Bacchanale 20.04.08 22:10 | |
| Mercredi 9 mai 2007 à Dijon Mon cœur prend les pulsations de l’infini. J’ai chaud. Une goutte de sueur perle sur mon front. Je la sens au ralenti qui coule, petite rivière, sur ma joue, elle atteint ensuite le col de mon menton, et fait des rapides sur mon cou. La vallée de mes pectoraux lui trouve un rythme plus tranquille. Elle traverse enfin la forêt de mon ventre pour atterrir au delta du bas-ventre. Musique douce, ambiance tropicale. Il fait une chaleur d’étuve. Quelques corps alanguis, flashes de chair qui m’entourent. Vapeur ambroisies, fumée âcre qui me prend au nez. Mais je ne suis pas suffisamment alerte pour m’en rendre compte. Les mains alentour qui caressent, comme sur ma peau ; les lèvres alentours qui embrassent, comme sur les miennes. Je vis au ralenti. Mes pupilles dilatées, je fixe un point sur le plafond, devenu en quelques secondes un univers à lui tout seul. Monde aquatique, parsemé d’ilots plus clairs. La goutte termine sa course. Une langue l’aspire. Mon énergie se canalise, la chaleur se fait dans mon bas-ventre. Je sens la moiteur qui emprisonne mon Désir. Je sens les va-et-vient humides et caressant d’une bouche parcourir mon Intimité. C’est bon ! Je gémis. Je ne sais plus trop. Où ? Qui ? Qu’est-ce ? N’importe ! Je jouis du moment présent. Je jouis, oui. Je jouis des mouvements de plus en plus rapides, des succions successives, des caressements lascifs. Je jouis de la peau qui se tend. Je jouis du contact ; je jouis de la violence crue de son désir contre le mien ; je jouis des circonvolutions de sa langue. Sa chevelure s’agite, cachant mon sexe tendu. Je ne te reconnais pas ; je ne me reconnais pas. Ta main aussi s’agite sur mon Désir, j’entends tes bracelets sonner. Ça m’excite encore davantage, je crois. Ta langue se promène sur mon scrotum, ma peau tendue au maximum. Je sens la chaleur éclore. Petit cocon de feu. Partir de mon plexus solaire, vers mon cerveau d’abord – relâchant ce Plaisir qui explose, puis en étoile vers mon sexe – et sa remontée soudaine – et les extrémités – mains, pieds, qui se raidissent. Mes paupières se ferment sous la pression du liquide de nacre qui éclabousse un visage. Visage que je peux enfin voir, se relevant, cette chevelure découvrant les traits fins de Martin qui sourit. Sa gaité barrée d’une trainée blanche qu’il essuie du revers du poignet. Plus loin derrière, Ariane rit à gorge déployée, Déesse emmitouflée dans des coussins, deux hommes soumis à son bon plaisir. A ma gauche, Marek me passe un joint. Senteurs opiacées. Je tire. La fumée me fait tousser un peu. Marek sourit. Je reprends une latte, que Martin vient aspirer de mes poumons en m’embrassant sur la bouche. Tout se ralentit : la musique, plus douce encore, les rires, plus assourdis, les visages, flous au loin. Mon cerveau se repose. Enfin. Ne plus penser à rien. Je suis calme. « Alors, ça te plaît ? - Oh, ouais. Je suis bien, là. » Martin se retourne et va chercher d’autres boissons dans la cuisine. Il est nu. Ça me fait sourire. Ses fesses fermes balancent sous ses pas, ses mollets sont parfaits, et son dos a la musculature d’un nageur. Je contemple, les yeux dans le vague. « T’aimes la vue ? » C’est Marek qui m’apostrophe. « Ouais, il est vraiment beau. - Et en plus, si tu savais comme on est bien, une fois dedans. Parfaitement à l’aise. Il s’adapte à ses occupants. Ce gars, c’est un dieu du plaisir. Il sait tout faire. » Je ne sais quoi répondre. Heureusement, Martin comble ma vacuité en entrant de nouveau dans la salle. « Qui a encore soif ? De toute façon, vous n’avez pas le choix. Je suis le maître de cérémonie. C’est vodka-caramel pour tout le monde. Et pas de parcimonie, hein ! C’est bacchanale et compagnie, ce soir ! » Son sexe repose maintenant gentiment sur son bas-ventre. Avec sa stature, sa musculature, c’est une vraie statue antique dans le cadre de la porte. Du marbre coloré d’un rose vif. Bacchus plus vrai que nature. Ne manque que des feuilles de vignes dans ses cheveux. La statue s’anime, son corps entier se met en mouvement, son sexe balance de droite et de gauche. Il s’approche de la table, y pose les bouteilles. Ses fesses musclées me regardent dans les yeux. Je me lève, lentement, pour ne pas tomber. Je me rapproche de lui. Je me colle contre son corps, ma courbe épousant les siennes. Je lui mordille le lobe de l’oreille. Il se retourne pour m’embrasser. Nos langues se mêlent, nos halènes s’entremêlent. Mon érection grandit. Mon homme de marbre se retourne. « Alors, qu’est-ce que je te sers ? » | |
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