Aldébaran
| Sujet: Fragment #123 - La Colère du Ciel -- merde, pourquoi moi ? 20.04.08 23:28 | |
| Vendredi 25 mai 2007 à Dijon Lèvres qui touchent le satiné de ma joue. Manon est à côté de moi. J’avais besoin de la revoir. Pour lui expliquer que c’était la dernière fois, que j’avais besoin de nouveaux espaces. Elle m’a embrassé. Comme ça, sans prévenir. Sur la joue. Mes yeux sont un peu creusés. Je pense à Lilian. Peau contre peau. La douceur de tes muscles, tes bras m’enserrent. Le cocon de ton souffle. Ta bouche étroite humide. Nous deux bouche à bouche et ton frère qui nous a vu. Where was the problem, darling ? Je crois même que ça m’a excité. Le voir lui, du coin de l’œil, pendant que je t’embrassais. Ton corps contre le mien que j’imaginais le sien. Ses yeux dans tes yeux, ses cheveux dans les tiens, son souffle au creux de ta poitrine. Manon qui me parle, et que je n’écoute pas. Pourquoi ai-je eu besoin de la revoir d’ailleurs ? Peut-être pour lui faire plaisir. Je n’en ai vraiment rien à faire de sa vie, de ses problèmes de cœur, et de son anorexie. Anorexie ? Ce mot vient frapper mes oreilles quand je l’entends. Comme un gros mot. Quelque chose qui fait mal, en fait. Mais pourquoi ? Elle ne peut avoir celui qu’elle veut, elle me dit. Il est fuyant, ne lui répond jamais. Il ne l’écoute même pas, elle en est sûre. Anorexie. Un mot sale dans la bouche, un mot sec. Je m’en fous en fait. Je la regarde, les yeux vides encore. Je pense à Lilian. Ses cheveux, leur caresse, son odeur au creux de moi. Sa peau moite, la froideur de son premier baiser. Puis le réchauffement de notre étreinte. Nos peaux, nos peaux, nos peaux. Le frottement. Manon me regarde, de la tristesse au fond des yeux. Ses lèvres bougent sur du silence. Petite sotte. Tu ne comprend rien à la vie. Je ne pourrais que te faire du mal. I’m not for you. I’m the hurting werewolf. The mad scarecrow burning red. Don’t you see deep in my eyes? The melting sadness, the huge thrusting hollow. I care about no-one but me. Une larme coule sur sa joue. J’ai un rictus, une ébauche de sourire peut-être. Je me lève et m’en vais. Sans même lui dire au revoir. Je ne pourrais que te faire souffrir. Oublie-moi.
Je suis de nouveau chez Lilian. Je l’ai appelé. Je lui ai tout dit. Le mal, le manque, son visage dans mon esprit. Qui tourne et m’hypnotise. Ses yeux qui me fixent. L’attente de sa peau. L’attente de sa bouche. L’attente de ses mots. Je suis assis sur son lit. Il est devant la porte. Il a refermée derrière nous. Il me regarde. Un sourire nait sur ses lèvres. Leur humidité brille quand il me fixe. Nos corps mis à nus. Nos bouches qui se rencontrent. Nos sexes qui se touchent. Ses mots étouffés dans l’air ambiant. La pesanteur qui couvre nos poitrines. I want so much to go down on him. Je le fais. Mes mots sont étouffés par son Désir. Ses yeux se contractent. Ses paupières se ferment. Monosyllabes incompréhensibles. Il me caresse les cheveux. Sa main descend dans mon dos. Tout mon corps réagit à ses caresses. Il se tend sous les miennes. Le ciel tonne. Relâchement. Merde, l’orage. J’ai peur, peur de la colère du ciel, de la violence des stroboscopes, de mon plafond qui se couvre. Je me blottis contre Lilian. Nous entendons la pluie tomber à torrent, rouler sur les vitres, embrumer le pavé. Je me noie dans ces glouglous. Le ciel tonne à nouveau. Je tremble. La colère des Dieux. Je ne me savais pas cette détresse. Mais là, plus rien ne va. Je tremble à en crever. Je me serre de plus en plus contre Lilian ; mon protecteur. La pluie noie toute tentative d’explication. Elle roule jusqu’à mes joues, la noyant sous le sel de mes larmes. Merde, Jed, ce n’est que l’orage. Je me sens petit enfant. Nus l’un contre l’autre, prisonnier de ses bras. Je me sens pour un instant en sécurité. « Dis, je peux dormir chez toi ? » Son étreinte se resserre contre moi. Pas besoin même d’un mot. Il a compris. Ses bras me caressent le dos, des mots réconfortants coulent dans mon oreille, il me serre à m’étouffer. Je m’endors calmement. | |
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