Spica
| Sujet: Fragment #16 - rrrRRRRrrrr ! 19.05.08 14:58 | |
| Mardi 5 septembre 2006 à New York Débordée. Je suis débordée, le boulot me fatigue énormément. Je garde un souvenir sucré de mon week-end. J’arrive au boulot souriante comme jamais et j’ai l’impression de tellement rayonner que tout le monde me regarde. Ma bague brille à mon doigt et tout le monde la voit. Au bureau, tout le monde me demande de raconter l’histoire de ma demande en mariage. Chaque fois, on me dit que j’ai de la chance. Je commence à y croire et à être heureuse. La seule qui semble me détester encore plus qu’avant c’est Elle, ma boss. Depuis qu’elle a vu ma bague, elle me jette des regards noirs. Le genre de regard que Lucy Liu avait dans Ally Mc Beal. Elle n’est pas mariée même si elle doit être âgée de 35 ans. Pourtant mignonne comme une actrice de série B, blonde, un visage de poupée rosée. Elle a tout pour elle, sauf un caractère de salope frigide et mal baisée ! Elle me donne du boulot depuis 9h ce matin en me faisant bien remarquer qu’elle est là depuis plus d’une heure, à travailler sur des dossiers. Et moi ses dossiers me font chier. Ce n’est pas ma boss hiérarchiquement mais vu qu’elle est plus gradée, elle me prend pour sa stagiaire. Midi, l’heure de rejoindre mon fiancé. Ca fait bizarre de penser a lui de cette manière. Je n’ai pas encore appelé ma mère pour lui dire. Elle va me dire que je suis trop jeune. Je l’appellerai demain… peut être. François a réservé un petit restaurant pour ce midi. Ce mec est parfait. Un peu trop ? Pendant le déjeuner, il me pose la question : « Tu rentres quand à Paris ? - François, on n’a jamais dit que je rentrerai à Paris. - Je pensai que ça rentrait dans ma demande en mariage. Tu ne veux pas revenir à Paris ? - Tu ne veux pas venir à New York ? - Je n’ai rien pour moi ici. - Tu as moi. - Tu vois ce que je veux dire. J’ai mon boulot en France et il me plaît. J’adore ce que je fais, alors que toi tu te plains sans arrêt de ton taf qui ne demande pas assez de responsabilité, de ta boss qui te tape sur le système. En plus, tu as eu une proposition à Paris. Tu peux me dire ce que tu fuis ? » Au fond de moi, la question continue de résonner et ne trouve d’écho que dans un silence. Le temps semble à nouveau s’arrêter. C’est vrai que je fuis. Pourquoi je ne peux pas rentrer avec lui ? Parce que ce n’est pas le moment. « François, on a encore un peu de temps pour se décider. Je verrai la proposition que l’on m’a faite à Paris et toi tu envisages de venir ici. On essaie de faire un point avec noël et on sera fixe. Ca te va ? De toute façon, je ne peux pas quitter ma vie ici du jour au lendemain. » Et voila, je retarde encore l’échéance. Le déjeuner se termine avec quelque peu de tension. Je sens qu’il veut me dire quelque chose mais qu’il n’ose pas. Je suis à bout de nerfs avec la fatigue physique en plus de cette pression. Débordée mais surtout exténuée. Je rêve de me retrouver seule à dormir et faire le tour du cadran. Alors, Elle n’a pas intérêt à me faire chier cet après-midi. J’arrive et je la vois roder près de mon cubique. Je lui jette un regard, le même que celui de Damien l’enfant du diable. Des éclairs sortent de mes yeux. Elle me sourit et s’en va. Elle n’est pas revenue de l’après-midi. Demain, je ressayerai mon regard… tiens, je vais m’entraîner sur François ce soir… | |
|