Sargas
| Sujet: Fragment #68 - Décalage horaire 18.06.08 0:33 | |
| Mardi 17 juin 2008 à Paris Deux semaines que je suis revenu de mon petit week end à Lille, et j'ai l'impression de vivre sur une autre planète. Nous n'avons pas passé une seule nuit dans notre lit depuis huit jours. On se couche alors que le soleil est déjà levé. Dodo vers neuf heures du matin, debout vers quatorze heures. Douche, petit déjeuner et glandouille dans le canapé jusque dix-neuf heures. L'ancien appartement de la soeur de Jé n'est pas aussi grand que celui que j'ai connu en arrivant sur Paris. Jé et moi ne pouvons plus ne pas nous croiser. L'appartement est petit, un couloir, avec une porte donnant sur la salle de bain et les toilettes. Le salon-salle à manger comprend une petite table ronde, un écran plat avec lecteur dvd et un canapé, dans lequel je dors. Il y a aussi le petit micro-onde qui ne tient pas dans la minuscule cuisine. La chambre est aussi grande que tout l'appartement mais bon, un lit double, une grande armoire avec tout notre linge et enfin une dizaine de gros cartons empilés sur toute la largeur d'un mur, la remplissent complètement. Mon matos photo et le matos son de Jé traînent un peu partout dans l'appartement. Nos deux MacBook sont constamment sur le canapé ou sur nos genoux. « Qu'est-ce que tu veux faire en attendant ? On est tranquille jusqu'à vingt-trois heures, aujourd'hui. - Je sais pas. Je suis vraiment explosé. Je crois que je vais somnoler un peu dans le canapé, si ça te dérange pas. - Moarf, non. Pas de soucis. - Ok. - Ok. » Je vois bien que Jé n'est pas satisfait de ma réponse. Mais c'est vrai que je suis crevé. J'en ai passé des nuits blanches, mais là, j'ai du mal à tenir. Jé, lui, semble bien tenir le rythme. Il est à fond à peine levé. Je le regarde filer dans la chambre et l'entends chercher quelque chose dans les cartons. Il revient avec une pile de cds. Ma curiosité me fait me lever de table et le rejoindre devant la télé et le lecteur. « Tu vas halluciner quand tu vas voir ce que j'ai déniché. Ecoute ça. » Je n'ai pas vu ce qu'il a mis mais aux premières notes je reconnais le groupe. Primus. Ca faisait des années que je ne les avais pas entendu. Jé me mets la pochette entre les mains. Je la retourne et regarde l'année. Aïe. 1989. Bon, j'avais... huit ans. Certes, je ne les ai écouté que vers mes onze ans, mais merde, ça, ça fait mal. « Tu te souviens. On était en sixième. La version de Tommy The Cat dessus est toute lente. Je me souviens quand mon cousin avait ramené ça à la maison. - Ton cousin ramenait toujours des putains de cds. Et de magazines aussi. » Nous éclatons de rire. Le cousin de Jé, Edouard, avait quinze ans lorsque nous en avions onze, et il avait pris l'habitude de nous refiler tout ce qu'il écoutait, et aussi tout ce qu'il lisait... enfin matait. En gros, Jé et moi avons eu une adolescence très enrichissante, entre la découverte de groupes comme Metallica, Radiohead, Rage Against The Machine, etc, et aussi une lecture approfondie de Playboy et Penthouse. Je n'en suis pas très fier et l'ai toujours caché à Sofia, mais bon, à l'instant, avec mon ami d'enfance assis à côté de moi, un sourire de gamin sur les lèvres, tout ça est prétexte à se marrer. Nous continuons à évoquer nos vieux souvenirs de délires et de concerts sans faire attention aux heures qui passent. C'est comme au bon vieux temps. Une partie de moi se demande comment nous avons pu laisser une telle amitié se dégrader et surtout comment nous allons pouvoir la prolonger à nouveau. Les disques et les anecdotes s'enchaînent. Vers vingt-deux heures trente, nous stoppons le délire et préparons nos affaires. Je suis soudainement submergé par une vague de fatigue. Je baille à m'en décrocher la mâchoire. Je sais pas comment je vais tenir. « Je suis désolé. Du coup, t'as pas dormi cet aprèm'. - Pas de soucis. Je me suis bien marré. - Ok. On se remettra ça. - J'espère bien. » Je prends mon sac à dos. Il pèse une tonne avec tout le matos. « Tu sais pendant combien de temps on va le surveiller ton Rozia ? - Je sais pas exactement. Mais ça devrait bouger dans pas longtemps. On a déjà pas mal de photos des gars qui traînent à l'Enfer. On a pas identifié tout le monde encore, mais ça devrait le faire. Vraiment. Un peu de patience. » | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 18.06.08 0:49 | |
| Aaah :) J'aime bien qu'on en apprenne un peu sur leur passé d'ados, comme ça :) Ils sont chouettes, Damien et Jérôme. | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 19.06.08 12:52 | |
| Oué, bien joué pour ce frag :) Vraiment terrible, tout à fait dans la continuité et en même temps plein de trucs sur le passé... | |
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Wezen
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 19.06.08 15:20 | |
| C'est peut-être un double sens du titre ? | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 19.06.08 23:39 | |
| Euh, je crois qu'il faudrait m'expliquer le double sens du titre ? | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 19.06.08 23:45 | |
| Décalage passé présent, superposition, mais aussi tout simplement difficulté à se réadapter au rythme de Paris au retour de Lille... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 19.06.08 23:50 | |
| C'est tout...J'aurai bien vu plus grand comme signification. | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 18.07.08 13:11 | |
| Mais vois-y donc ce que tu veux, Pro ! :p J'aime vraiment bien cette relation entre eux deux. (et je dis rien de plus parce que je suis à la bourre pour aller chercher Aldé à la gare alors tchoooooo) | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 18.07.08 13:38 | |
| Ah ? Aldé est donc encore de ce monde ? | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 20.07.08 16:17 | |
| C(a)ertes, mais c'est un autre débat, ne pourrissons pas le topic de Sargas pour ça... | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire 03.02.09 1:05 | |
| J'aimerais ecrire aussi bien que toi ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #68 - Décalage horaire | |
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