Fragment #116 – Faîtes de la musique

20h00. Nous arrivons ma belle et moi au rendez-vous que nous nous sommes hier fixés Lilian et moi. Il arrive seul face à nous. Seul c'est beaucoup dire vu le nombre de gens qui commencent à déambuler dans ces rues de plus en plus animées. Quatre bises à peines échangées et deux bonjours prononcés que nous demandons où est Robin. Lilian nous entraîne dans la rue derrière, il est là, avec son groupe en train de discuter. Il est bassiste apparemment. Mais il ne jouera pas avec eux ce soir car ça fait bien longtemps qu'il n'a pas touché sa guitare et il préfère passer la soirée avec nous. Son année de médecine l'a quelques peu éloigné de la musique puisqu'il n'a pas répété avec son groupe une seule fois de toute l'année scolaire. Et comme ils font une pause l'été en général, autant dire qu'il n'a pas joué depuis la dernière fête de la musique. Soit il y a un an. L'effervescence dans ces rues se fait de plus en plus dense, comme la foule. Les bruits résonnent et on commence à entendre les sons des premières guitares.
La joie envahit les rues et les sourires s'affichent. Tout le monde à l'air heureux. Ils avaient raisons en disant que la musique adoucit les mœurs.
Nous reviendrons plus tard vers son groupe, promenons nous un peu.
Il y a une violoniste solitaire au coin de la rue Berlier. Nous prenons plaisir à écouter son air enchanteur, pendant que les bruits annexes sont encore flous et faibles. Elle est vêtue de noir, elle nous transporte.
Place du Marché il y a comme tous les ans les rapeurs qui chacun leur tour débitent leurs rimes sur des rythmes plus ou moins soutenus, dans des tenues trop larges pour tout un chacun. L'un d'eux nous frappe de ses mots. Il dénonce la guerre en Irak, et les combats en Chine. Ses mots résonnent en moi, je suis envahi par leur sens. Il a réussi à nous émouvoir.
Un peu plus loin un groupe de jeunes ados fait une démonstration de hard-rock. Le chanteur n'a pas encore mué, c'est amusant. Surtout dans leurs vêtements noirs sataniques.
Des gens se sont massés place du Bareusey. Il y a le groupe Jamait. Dont le chanteur Yves Jamait est Dijonnais. Avec Lilian on se souvient l'avoir déjà vu au mois de février se produire à l'occasion du concert de soutien à Ingrid Bétancourt.
On reste près d'une heure à écouter ce groupe connu avant de nous remettre en marche dans la nuit maintenant noire. Ou presque, car tous les lampadaires sont allumés et la fête éclaire nos cœurs.
On retourne rue Berbisey la où joue le groupe de Robin. L'alcool circule autant que les gens, bien qu'avec l'heure avançant dans le matin la masse des badauds se fait moins dense.
Nous rentrons tous rue Docteur Chaussier. Florian n'est pas là. Melissa et moi dormirons sur le canapé. Bonne nuit mes amis, écoutons encore un peu la musique de la rue.
Cette musique porteuse de sens. Cette musique qui donne du courage. Cette musique qui sauve.