Altaïr
| Sujet: Fragment #434 – Partir en fumée 27.06.08 13:10 | |
| Vendredi 27 juin 2008 au Kremlin-Bicêtre Verser le liquide à l'odeur puissante, et le regarder couler, visqueux, sur les meubles et le plancher. Laisser mon visage s'illuminer d'un sourire démoniaque, et voir l'étincelle qui tombe, qui s'approche, en quelques millièmes de seconde, de la flaque ignifuge. Et n'avoir aucun regret.
L'Agartha. Pourquoi Elisabeth m'a-t-elle parlé de ce truc ? A quoi joue-t-elle ? Est-ce qu'elle compte reprendre le rôle de Nathan ? Je lui ai laissé Sa Majesté hier, mais était-ce vraiment bien sage ? Elle ne mérite peut-être pas ma confiance, et je devrais sans doute aller récupérer mon chat... Tu divagues, Julian. Je ne comprends pas. Nathan habitait ici avant, elle le connaissait forcément. Elle sait quelque chose à propos de l'encrier, et sans doute au sujet du petit briquet d'Alexandre, et de la boîte que j'ai jetée dans la Tamise... Est-ce que Jed m'en veut ? Je croyais que tu ne voulais plus t'attacher au Secret... Non, en effet. Mais le Secret revient à moi sans que je m'y attende... Qu'est-ce que je peux faire moi ? Tout simplement ne pas y penser. Nathan était cinglé. Elisabeth l'est sûrement autant que lui, et tu l'as été toi aussi trop longtemps. Inutile de replonger là-dedans. L'Agartha... Si je comprends bien, c'est un peu comme l'Atlandide. Un peu loufoque, effectivement. Et quatre-vingt huit symboles, ça en fait beaucoup. Je connais déjà l'Aigle, et je suis prêt à parier que les points sur la boîte et sur le briquet sont deux autres symboles. Est-ce que je dois retrouver les objets ? Julian, nous ne sommes ni dans un film ni dans un roman fantastique. Arrête de fantasmer un monde qui n'existe pas, et contente toi des délices de la réalité. Je me précipite sur l'ordinateur de Nathan. J'allume l'unité centrale, qui emplit aussitôt la pièce d'un ronronnement fatigué. L'écran produit un bruit inquiétant à son tour. On me demande un mot de passe, le mot que j'ai longuement cherché avant d'y renoncer définitivement. Aujourd'hui, mes doigts fébriles tapent le mot « AGARTHA », puis se dirigent vers la touche ENTER. La session s'ouvre. Mon cœur se met à battre plus fort que jamais. Voilà que j'ai accès à toutes les données de Nathan, tous ses écrits, les fruits de toutes ses recherches. Le disque dur contient bon nombres de dossiers qu'il n'a pas emmené à Dakar, mais abandonné ici entre mes mains. Je ne sais pas par où commencer. Un fichier se nomme « Agartha ». Un autre est titré « Conversations avec Charly ». Un autre encore « Qui est la reine noyée au bras de mer ? ». Nathan et sa poésie mystique. Tout est à portée de main... Et ce fichier, là, qu'est-ce que ça signifie ? « Liste des Constellés. » Je double-clique sur ce petit dossier. Un rythme cardiaque infernal me remplit désormais le ventre. Mes doigts tremblent, rongés par l'excitation et la curiosité. Est-ce enfin le temps des Parce Que ? Est-ce que je vais venir à bout de tous les Pourquoi semés sur mon chemin par un type incompréhensible, mais peut-être pas si cinglé que ça ? Une page de traitement de texte s'ouvre sur l'écran. J'y découvre une liste impressionnante de noms, suivis d'adresses et de numéros de téléphone. Jed Cléart, Julian Mahogany, Léopold Léroal, Lola Sinclar, Alexandre Firent, Déborah Spinner, Dimitri Malvo. Je reconnais les premiers, mais il y en a tellement d'autres... Et toutes ces villes ! Est-ce que qu'ils sont tous -
Craquement. Qu'est-ce qui se passe ? Les flammes ont ravagé la cuisine et s'attaquent peu à peu au salon. Elles se dressent comme une barrière ardente et m'encerclent dans la fournaise. Des colonnes rouges et or dévorent les murs et noircissent le plafond, elles s'étendent comme les soldats d'une armée sans pitié. L'appartement est en feu ! Merde, je ne peux plus sortir ! La panique gagne mon esprit, sentiment mêlé d'angoisse instantanée et de peur. Je ne peux plus contrôler mon corps ni le flot de mes pensées en désordre. Pourquoi as-tu fait ça ? Je ne veux pas mourir ? Ah oui ? Prouve-le, alors... Il est trop tard ! Je voudrais hurler, crier, taper sur le sol. Mais je n'en ai même pas le temps. Je sais que tout va s'effondrer dans un néant de fumée noire. Cet appartement, l'immeuble tout entier et ses habitants. Le disque dur de Nathan. Mon chat. Juliette. Laura. Simon. Tout ce qui vit en moi. Mes frères. Lola. Louis et le Dionysos. Les souvenirs et ce que j'aime. Tout ce qui fait mon monde. Les exhalaisons du démon embrasé ont déjà pris ma gorge et la brûlent. Je tombe à terre, une main devant la bouche, je tousse, je m'étouffe, je ne peux plus respirer. La fumée m'asphyxie et me consume de l'intérieur, avant même que les flammes n'aient le temps de m'atteindre. Déjà je vois Anubis, matériel, tout près de moi. Il me regarde, avec sa silhouette de chacal, et il attend patiemment de m'emmener dans son temple pour un dernier séjour, afin de m'extirper enfin le cerveau par les narines, à l'aide d'un long crochet. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #434 – Partir en fumée 28.06.08 20:20 | |
| preum'z, mais surtout gros gros stress. Stress à l'ouverture de l'ordinateur stress à l'ouverture du dossier stress à cause de l'atmosphère étrange stress de l'incendie et stress de toute sa vie qui défile à vive allure...
Arrête de me faire de frayeur comme ça c'est impossible de réalisme. Bravo; j'en ai stressé au moins autant que lui.
Mais j'ai peur de lire le suivant... | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #434 – Partir en fumée 12.07.08 2:58 | |
| Merci pour tout ce stress Pro :) | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 16.07.08 12:58 | |
| Eh beh '_' En effet, ambiance euh super spéciale, surréaliste, j'ai accroché ^^' Je fonce lire le suivant ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #434 – Partir en fumée | |
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