Altaïr
| Sujet: Fragment #48 - Partir ou Rester 09.04.08 17:25 | |
| Lundi 7 août 2006 à Paris Retour du soleil. Il était temps. Nous nous réveillons collés l’un à l’autre, en sueur, des rais de lumières filtrant au travers des stores vénitiens braqués sur nos visages détendus par le sommeil. Odeur salée de sueur et de sperme. La nuit a été mouvementée. S’ajoute bientôt le parfum du café, qui se répand dans l’appartement. La douche nous délasse, l’eau glacée dégoulinant langoureusement sur nos corps enlacés, nos langues entremêlées, nos doigts avides de caresser chaque parcelle de notre peau, et voilà que c’est reparti pour un tour… Coup de téléphone de Maman. Oui, je vais bien. Je sais, je pourrais donner un peu plus de nouvelles mais, que veux-tu, je n’arrête pas ici, je n’ai pas une minute à moi, sans cesse en train de courir en tout sens. Oui, je mange des légumes (ne ris pas, Gautier). Non, je ne sais pas encore quand je rentrerai. Bien sûr que vous me manquez. Je t’embrasse. Je te donnerai de mes nouvelles très vite. Pression de mon pouce sur la touche du téléphone qui nous déconnecte l’un de l’autre. Je ne ressens aucun désir de m’en retourner à Dijon. Pourquoi ne pas rester ici, dans les bras de Gautier, dans cet appartement qui, finalement, ressemble beaucoup au mien ? « Tu me gardes ici jusqu’à quand ? Demande-je. - Tu ne devais pas rentrer début septembre ? » Je ne répond rien. Revoilà un flot d’angoisses qui se coulent sur moi, les inscriptions à la faculté, le permis de conduire, les rendez-vous chez le banquier, tous ces sbires que le Papier envoie à ma rencontre pour mieux m’affaiblir et m’enserrer. Je sais qu’il m’attend là-bas, alors qu’ici je suis en sécurité, loin de ses froissements meurtriers. Je voudrais demeurer dans les bras de la capitale... Ne plus revoir ma famille, mes amis, Elle... Reconstruire une vie sur un terrain nu et fertile, loin de ce qui est difficile. Car je suis lâche, au fond. Gautier me voit tanguer, il s’approche et m’embrasse, me serre contre son torse nu. « Tu peux rester ici autant de temps que tu le voudras, me susurre-t-il à l’oreille. » Et voilà que c’est reparti pour un tour.
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