Jeudi 31 août 2008
à Paris
20h16. Lilian fait la cuisine dans le petit appartement de Laura et Simon. On a encore une journée infructueuse dans les pattes. Ça se sent dans les pâtes qu'il a laissées trop longtemps sur le feu.
On s'est aujourd'hui renseigné auprès de tous les commerçants de son quartier, mais Lilian et moi n'avons toujours aucune trace de son frère. On a même montré une photographie de Julian aux passants dans la rue. L'un d'eux m'a appris qu'il travaillait à Quick, il s'est ravisé et m'a dit qu'en fait il l'avait vu à McDo. C'est toujours une information. Je lui ai dit merci, mais ça ne m'avance guère puisqu'ils ne l'ont pas vu non plus à McDo. Il n'est même pas venu chercher sa dernière paye.
Le repas se termine dans la joie, malgré une journée maussade sous l'égide de quelques éclairs au loin. Simon a trouvé de quoi nous distraire, et même faire rire Lilian. Ça me fait plaisir. Et même des plaisanteries de plutôt mauvais goût sont entendues dans la plus grande distraction.
Notre retour est prévu pour samedi soir puisque nous ne trouvons rien ici ; et que ce voyage commence à être épuisant. Physiquement puisque nous marchons énormément tous les jours sous une chaleur de plomb dans la pollution parisienne, nerveusement car ne rien trouver est vite usant, on a l'impression de chercher dans le vide un être sans chair.
On sonne à la porte. Laura se lève ouvrir. La porte est dans mon dos. Je ne vois pas la personne qui entre mais je reconnais sa voix. Pierre.
« Ah bah Alex t'es là ! Tu vas bien ? »
Je suis surpris de le voir, mais ça me fait plaisir. J'aurais bien aimé voir Thomas en même temps. Mais si je suis monté à Paris ce n'était pas d'abord pour les voir, on avait une mission à remplir.
« Oui très bien et toi ?
- Ça va, je rentre de vacance. J'étais sur la côte d'azur avec ma copine. »
Il n'est donc plus célibataire.
« Et là je viens chercher mes clés que j'avais laissées à Laura pour qu'elle aille arroser les plantes.
- D'ailleurs je suis désolée mais je n'ai pas beaucoup eu le temps d'y aller, dit-elle sans vraiment s'excuser.
- C'est pas bien grave, de toute façon Thomas devait passer chercher des papiers, il a dû en profiter pour arroser un peu. Mais je me demande dans quel état on va retrouver nos cactus s'ils n'ont rien bu pendant cinq semaines.
- Ah ces militaires, qu'est-ce qu'ils ont comme vacances ! Vivement que j'en sois là.
- Alex tu crois que...
Je regarde Lilian qui vient dans un sursaut de prendre part à la conversation. Il a les yeux rivés sur mon frère.
- Pierre, est-ce que tu te souviens être intervenu quelques jours avant ton départ pour un incendie au Kremlin-Bicêtre ?
- Dans un immeuble. Oui je m'en souviens bien parce que c'est la dernière intervention que j'ai faite avant d'être en vacance.
- Et tu te souviendrais pas par hasard du jeune homme chez qui s'est déclaré l'incendie ?
- Si, d'ailleurs on a eu des problèmes à cause de lui.
- Pourquoi ?
- Il s'est barré en courant pendant qu'on s'occupait des autres, alors après on a du faire tout l'immeuble pour trouver une vieille dame qui connaissait son nom et faire une déclaration au médecin régulateur comme quoi on ne pouvait pas l'emmener aux urgences puisqu'il s'était sauvé. Je te dis pas le savon qu'on nous a passé. Les victimes étant sous notre responsabilité, s'il leur arrive une bricole c'est de notre faute. »
Lilian est passé du rouge rire au blanc stupeur en un instant.
On retournera demain voir ces vielles dames. Je suis sûr que c'est l'une des trois commères qui siègent au bas de l'immeuble.